L’album dont je vous parle est le lauréat de la deuxième édition du concours de bande dessinée Glénat / Arte. Ce concours prône l’ouverture et se tourne résolument vers l’avenir car il est européen et n’est ouvert qu’à des auteurs n’ayant jamais publié. J’avais lu, à sa sortie, la bande dessinée des premiers lauréats polonais de ce concours (Essence par par Gawronkiewicz et Janusz) et en avait apprécié l’originalité et la fraîcheur. C’est donc plein d’enthousiasme que j’ai abordé la lecture du travail des nouveaux lauréats, qui sont, cette année, des français. Premier constat, on ne rompt pas avec les recettes du précédent lauréat: une histoire complète en un seul volume, un dessin sympathique, une couverture bleue (je plaisante mais c’est vrai) mais surtout un scénario hors du commun. Qui n’a jamais rêvé de l’extermination pure et simple de ces satanés moustiques. Je parle bien de ces insectes qui semblent n’avoir d’autres buts que nous persécuter allant même jusqu’à nous attaquer lâchement pendant notre sommeil. Nous avons pourtant tout essayé: insecticides, citronnelle, répulsifs odorants, sonores, … Sans penser, comme les assaillants de naguère, à polluer la source de leur alimentation, c’est à dire notre propre sang. Car c’est bien l’extinction qui guette nos héros à trompe s’ils ne peuvent plus s’alimenter en sang de qualité. En effet le sang de la plupart des humains est devenu, malgré eux et involontairement, impropre à la consommation. Mais quelle est la cause de cette affection qui frappe les hommes et indirectement les moustiques. Cette maladie n’est ni génétique, ni d’origine virale, ni due à la pollution mais elle liée à la crise !

Il fallait oser traiter un sujet politico-économique en mettant en scène des moustiques. Nos deux auteurs l’ont fait et ne s’arrêtent pas là car ils ont truffé leur scénario de références à Freud, Marx, Lénine, Staline, etc. Le dessin est d’un excellent niveau et sert bien le propos humoristique de l’album offrant un agréable contrepoint au fond de l’histoire plus sombre et plus sérieux. Cet album est très prometteur mais souffre, un peu, du trop plein de bonnes intentions qui pousse parfois les jeunes auteurs à surcharger leur première œuvre. Je suis sûr que cette boulimie d’idées ne se tarira pas et trouvera une place de choix dans de futurs albums.

Je remercie les éditions Glénat ainsi que Babelio de m’avoir fait parvenir ce livre dans le cadre du programme Masse critique.


Philippe Lacoeuille et Paul Drouin, Le moustiquaire de Berlin, Glénat, 2007, 49 p, Amazon.