Les falsificateurs est un de mes gros coups de coeur de l’année 2008. A ce titre, je tenais absolument à en parler ici. Antoine Bello raconte le parcours d’un jeune homme au sein d’une organisation clandestine (le CFR) dont le but est de falsifier le réel (d’où le titre !). Dans tous les métiers il y a différents niveaux, pendant que certains bâtissent des cathédrales, d’autres construisent des barbecues. La falsification n’échappe pas à cette règle universelle. On débute donc sa carrière de falsificateur par de petites missions qui pourraient paraître insignifiantes au profane mais qui ne modifie pas moins insidieusement le cours de l’Histoire. Changer la date à laquelle une statue a été érigée ou les statistiques d’un poisson du bout du monde sont des actes a priori anodins et indépendants qui ne tendent pourtant pas moins vers le même objectif. Mais lequel …

Antoine Bello réussit avec brio dans ce projet très ambitieux, à tel point qu’après la lecture de ce livre vous ne regarderez plus les informations de la même manière. Traiter de la grande théorie du complot sans tomber dans le grotesque relève du funambulisme, au moindre accroc tout peut s’effondrer comme un soufflé. Ici on se régale jusqu’à la dernière miette et on prendra même avec plaisir un dessert puisqu’un second tome viendra conclure cette histoire (Les éclaireurs).


Antoine Bello, Les falsificateurs, Gallimard, coll. « Folio », 2008, Amazon.