Mark Millar (scénariste de comics ayant notamment travaillé sur The Authority et sur certains Ultimates) est à la baguette pour piloter cette épisode de la série des “Elseworlds”. Entendez par là histoires alternatives. Nous sommes donc bien dans une série d’uchronies proposée par DC Comics. L’univers de DC contient la matière nécessaire à la construction d’histoires alternatives. En tout premier lieu, les nombreux personnages, pour certains vieux de plus de 50 ans qui incarnent des valeurs dans l’imaginaire public. Par exemple, l’antagonisme entre la lumière et la pénombre incarné par la lutte perpétuelle entre Superman et Batman. Ici, c’est justement au plus ancien des héros DC que s’intéresse Mark Millar, à savoir Superman. Il imagine que le jeune Kal-El (nom kryptonien de Superman) n’a pas atterri dans le Kansas aux Etats-Unis mais en plein kolkhoze Ukrainien. Si le changement est infime – il aurait suffit d’un décalage de 12 h de son décollage depuis Krypton –, les conséquence sont colossales. N’oublions pas qu’à cette époque nous sommes en plein communisme en URSS sous le commandement du petit père des peuples. Ce dernier ne manquera pas de s’intéresser au jeune prodige extra-terrestre qui ne tardera pas à arborer la faucille et le marteau sur son poitrail en lieu et place du fameux S.

Cette mini série (l’équivalent de trois comic books regroupés ici en seul volume) revisitant le mythe de Superman est donc extrêmement intéressante. En plus de cela, il n’est pas nécessaire de connaître l’énorme historique des personnages DC pour profiter de ce one shot. Au delà des stars de l’univers DC: Superman, Batman, Wonder Woman, Lex luthor, etc. nous avons droit à des personnages historiques comme Staline et John F. Kennedy. Mark Millar va même plus loin en intégrant un paradoxe dans son récit mais je ne vous en dit pas plus… Côté dessins, c’est du très bon même si les éditeurs déplorent le fait que le premier dessinateur, Dave Johnson ne soit pas allé au bout de la série. Jugé plutôt: “[…] Red Son a connu un petit incident de parcours lorsque le dessinateur Dave Johnson a quitté le navire au milieu du deuxième épisode” et comme si ça ne suffisait pas, ils ajoutent dans la présentation des auteurs: “Il a beaucoup de mal à tenir les cadences infernales imposées sur les séries mensuelles et comprend vite qu’il doit plutôt se concentrer sur les couvertures” , “[…] mais encore une fois, sa lenteur et ses engagements sur d’autres projets […] l’amènent à abandonner au milieu du deuxième chapitre”. Tiens prend ça !


Mark Millar, Superman Red Son, Panini Comics, 2005, 144 p, Amazon.