La flèche du temps est une expression qui a été employée par Eddington pour désigner la perception par l’être humain du sens ou de la direction de l’écoulement du temps. C’est tout le principe de ce livre que d’en inverser le cours. Martin Amis a imaginé raconter la vie d’un homme à l’envers, de son lit de mort à sa naissance. Il ne s’est pas contenté de raconter les évènements dans l’ordre chronologique inverse mais a poussé le concept assez loin en narrant toutes les actions comme on pourrait les voir dans un film projeté à l’envers. On ne paie pas avant de repartir avec ses courses du magasin mais on les apporte au magasin et l’on reçoit de l’argent en échange. Sans déflorer l’histoire, il s’avère que l’homme en question n’a pas un passé ou un futur – selon le point de vue – très glorieux. C’est le moins que l’on puisse dire.

Le procédé de narration qui est la grande originalité du livre nuit beaucoup à la lecture. Il force le lecteur à une gymnastique intellectuelle permanente qui, de drôle et originale au début, devient vite assez pénible. L’autre originalité du livre réside dans le positionnement du narrateur. Il est parfois détaché du personnage (il), parfois plus proche (nous) et parfois se confond avec lui (je). C’est au travers du narrateur uniquement que se réalise l’introspection car le personnage ne semble pas ressentir d’émotion, il agit et le narrateur l’observe et commente.

Les évènements sont racontés d’une manière hachée, les phrases s’enchaînent en un flot continu, ce qui rend la lecture peu agréable. Enfin l’ambiance du livre est assez pesante – c’est voulu –, on sent bien tout le poids du secret. En conclusion, l’idée et le sujet sont intéressants mais le résultat n’a pas atteint son objectif. Je n’ai pas pris de plaisir à la lecture de ce livre qui reste tout de même une curiosité littéraire et une contribution à la dénonciation des crimes odieux qui ont été commis par des hommes tels que celui dont il est question dans ce roman.


Martin Amis, La flèche du temps, traduit par Géraldine D’Amico, Folio, 2010, 240 p, Amazon.