Je vous entends déjà me dire “encore une histoire de vampires”. Eh oui mais non. On ne peut malgré tout nier qu’il s’agit encore une fois de parler des chauves-souris humanoïdes amatrices de sang; matérialisation dans l’imaginaire collectif de nos plus grands fantasmes ou de nos pires cauchemars. Ce qui change, c’est que le sujet est traité avec beaucoup de raffinement. Ici, pas question de gothique et de luxure à chaque coin de page. Volunteer est le prénom – moi aussi je trouve ça bizarre – d’une jeune femme partageant un appartement new-yorkais avec deux amies. Elle exerce le métier de videur – métier tellement masculin que je ne pense pas que ce terme s’emploie au féminin – ou de physionomiste diront certains dans une boîte de nuit. Sa particularité – puisqu’il en fallait bien une – est d’être orpheline est de n’avoir aucun souvenir antérieur à ses dix ans. Malgré cette blessure et ses interrogations omniprésentes, elle vivait d’une manière tout à fait normale jusqu’à ce que le surnaturel débarque dans sa vie.

Comme je le disais, on est bien loin des clichés dans le traitement des vampires – même si on ne fera pas l’économie de quelques pieux et autres rayons de soleil meurtriers – ni dans celui des personnages. Dans ce registre, ne vous attendez pas à l’héroïne pulpeuse de Rapaces, le personnage de Volunteer est une femme tout ce qu’il y a de plus naturel; ni belle ni moche, vraie tout simplement. C’est certainement là que réside la grande force de ce récit: faire entrer le surnaturel là où on ne l’attend pas. Il n’en est que plus percutant – je me suis pris à sursauter en découvrant la scène du miroir. Les dessins sont somptueux et servent magistralement le récit. La lumière notamment, élément toujours important dans ce type d’histoire, est particulièrement bien traitée. Je m’attaque de ce pas au tome 2 – la série en compte 3 et est terminée.


Muriel Sevestre et Benoît Springer, Volunteer #1, Delcourt, 2002, 71 p, Amazon.