J’ai terminé la lecture des Chroniques de Jérusalem et je suis très agréablement surpris. L’histoire est celle de Guy Delisle dont la profession est – vous l’aurez deviné – auteur de BD. Il suit sa femme qui est médecin pour une ONG. Cette famille de québécois a donc l’habitude de séjourner à l’étranger, mais cette fois ils se retrouvent à Jérusalem.

Malgré la couverture médiatique importante, personne n’est préparé au choc que représente la découverte d’une telle ville et d’un tel pays marqué par l’histoire, la guerre, le choc des cultures, des religions, des traditions. Cette découverte est très bien rendue dans le premier chapitre. L’auteur y retranscrit avec humour la naïveté de l’occidental découvrant ce pays déchiré. Puis, tout au long de ses chroniques, ou de ce qui pourrait être qualifié de journal ou de carnet de voyage, il décrit ses expériences sous forme d’anecdotes dans cet endroit où rien n’est “normal”. Il ne doit pas y avoir d’équivalent au monde et quasiment tout est source d’étonnement pour un occidental vivant en paix dans son pays.

Il est particulièrement fort sur un point. Il ne porte pas de jugement. Il ne fait que présenter ses observations, là où d’autres se seraient perdus dans des commentaires et seraient tombés dans le piège du partis pris. Il a raison, elles parlent d’elles-mêmes, il laisse le soin au lecteur des les interpréter, de réagir. L’impact n’en est que plus fort. Le message passe encore mieux car il est facilité par l’humour – il faut bien parfois dédramatiser la situation. Les dessins sympas – le qualificatif ne semble pas très élaboré, mais il leur correspond très bien –, agréables à regarder et gais ne font qu’accentuer cette impression de légèreté qui rend la lecture encore plus plaisante.

La bande dessinée montre une autre de ses facettes avec ce carnet de voyage présenté sous une forme ludique qui dépoussière le genre. La forme n’enlève rien au propos et permet de rapporter des observations et de faire efficacement passer des messages. L’auteur fait preuve d’une modestie qui lui permet de garder ses distances et d’éviter les pièges inhérents au traitement d’un tel sujet. On ne peut qu’applaudir de telles initiatives et en redemander.

Un dernier point à signaler. Ne déduisez pas de mes propos qu’il s’agit d’une lecture simple et rapide. Il faudra plusieurs heures de lecture pour terminer ce gros volume.

P.-S.: Je suis particulièrement attaché à ce livre car il m’a été offert par quelqu’un qui m’est cher. Il a fait un choix judicieux et a pris la peine de me ramener ce présent directement depuis sa source, pas de Jérusalem, mais du Québec. Encore merci.


Guy Delisle, Chroniques de Jérusalem, Delcourt, 2011, 334 p, Amazon.