Je me suis lancé, même pas peur. J’ai commencé à lire Astérix chez les Pictes. Après les dernières tentatives d’Uderzo en solo, il était temps de faire rentrer du sang neuf. Il prouve par ce geste que, contrairement à ce que pense sa fille, il sait encore faire preuve de lucidité.

Mais bon, mettons de côté ces railleries pour avouer que lorsque l’on touche à Astérix, on appréhende quand même un peu. C’est un monstre sacré qui a bercé notre enfance, un symbole de la France – rien de moins. Alors on oublie les dernières catastrophes et on se dit que malgré tout, rien ne sera plus jamais pareil. La nostalgie nous gagne, notre jugement ne sera forcément pas impartial.

Ouf, on retrouve la carte de France avec le petit village gaulois sous la loupe et la description des personnages au verso. C’est bon, tout y est. Ça c’était facile, voyons un peu les dessins à présent. Je ne suis pas un expert sur le plan graphique, ni un fin connaisseur d’Asterix, mais je dois avouer que le résultat est bluffant. On dirait vraiment du Uderzo – que les puristes me pardonnent cette remarque de néophyte à peine digne du premier passant venu faisant ses courses le samedi au supermarché et tombant sur une immense pile d’Asterix chez les Pictes disposée à son intention en tête de gondole.

Côté scénario on est tout de suite mis en confiance par quelques blaguounettes au charme délicieusement désuet – vous voyez les ravages que peut accomplir la nostalgie. Un peu déçu que l’histoire débute par un élément fantastique (un homme en kilt pris dans la glace) qui nous rappelle bien malencontreusement les dernières tentatives scénaristiques malheureuses d’Uderzo – on avait eu droit à des ovnis et des super-héros quand même. Mais, ne nous arrêtons pas à cet incipit discutable et poursuivons la lecture de la façon la plus objective possible cette fois.

Eh bien plus rien, silence radio. Je suis resté parfaitement hermétique à l’histoire. Pourtant ce n’est pas mal fait, loin de là. Il y a même quelques nouveautés assez sympathiques sur le plan du découpage. Non, je crois plutôt que j’ai définitivement perdu mon âme d’enfant. Et ça, c’est bien le plus triste dans l’histoire.


Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, Astérix chez les Pictes, Albert René, 2013, 48 p, Amazon.