Benoît Vitkine est journaliste au journal Le Monde, spécialiste de l’ex-URSS et de l’Europe de l’Est, il est lauréat du prix Albert-Londres de la presse écrite en 2019, pour une série d’enquêtes consacrées à l’influence russe et à la guerre du Donbass. On peut dire qu’il connaît bien le contexte et nous aussi finalement à cause de l’actualité les noms des principales villes de la région Donetsk et Lougansk nous sont familiers.

Kiev s’était lourdement trompée sur le compte du Donbass. Elle avait fait sa révolution et cru que ceux de l’Est, les gueux, suivraient ou se tairaient, comme il l’avaient toujours fait. Le Maïdan avait été un cri de colère contre la corruption, l’injustice … Les habitants du Donbass partageaient ce cri, mais ils n’avaient que faire du discours nationaliste et chauvin qui l’accompagnait. […]
Alors ceux de l’Est s’étaient tournés vers ce qu’ils connaissaient: pendant que Kiev choisissait l’Europe et s’illusionnait en songeant à un futur meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé. L’ancienne mère patrie n’attendait que cela. Ce que les gens du Donbass ignoraient, en revanche, c’est qu’entre-temps elle était devenue une marâtre acariâtre et cynique.

Ici on n’est pas dans le journalisme, mais dans un roman noir, un polar. Que faire d’un meurtre alors que c’est la guerre et qu’il y a des morts par centaines ? Malgré ce contexte de guerre, la corruption qui règne dans ces villes, on est dans du classique avec un personnage de flic abimé par la vie. L’intrigue est plutôt bien menée et la lecture est divertissante. Une bonne expérience qui a le mérite de nous donner un aperçu de la vie dans l’est de l’Ukraine en guerre depuis trop longtemps.


Vitkine, Benoît. Donbass. Les Arènes, 2020.