Le monde à tes pieds est une BD de l’auteur espagnol, Nadar qui traite d’un sujet de société, le déclassement.

Le déclassement est en sociologie le fait de descendre l’échelle sociale, cela pour un individu, un groupe ou une catégorie. Il peut concerner en particulier le marché du travail. Le déclassement est une composante de la mobilité sociale.Le terme est employé à la fois pour traiter une perte d’emploi, de statut social, ou une situation dans laquelle l’emploi occupé n’est pas au niveau de ceux promis par son niveau de formation, et au niveau collectif et intergénérationnel il qualifie le fait pour une part des représentants d’une génération de ne pas parvenir à un emploi, une position sociale, une qualification ou seulement un pouvoir d’achat de même niveau que ceux des parents. (Wikipédia)

L’exemple des doctorants obligés d’accepter des petits boulots pour survivre est assez connu et illustre bien le sujet. Cependant, il existe aussi un autre aspect du problème lié à une érosion de la condition sociale par rapport à la génération précédente qui peut entraîner un fossé entre les générations. Ce phénomène est exacerbé en temps de crise, comme c’est – ou ce fut – le cas notamment en Espagne depuis quelques années. Comme expliqué dans la très intéressante postface du livre, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la crise n’est donc pas la cause du déclassement, elle en est un puissant catalyseur. La cause semble être une inadéquation entre les formations dispensées correspondant à un objectif trop idéalisé par les nations et la réalité du marché de l’emploi.

L’auteur met en scène trois protagonistes subissant ce déclassement. Les deux premiers m’ont paru très caricaturaux et donc moins crédibles et assez premier degré. La troisième par contre est beaucoup plus intéressante. D’une part son histoire illustre les deux aspects du déclassement, la frustration profonde de ne pas exercer un emploi à la mesure de ces compétences et celle d’avoir un niveau de vie bien inférieur à celui de ces parents qui donne le sentiment d’appartenir à une génération sacrifiée. Le caractère et la personnalité plus affirmés de cette dernière protagoniste en font un personnage bien plus réaliste. Un mot pour terminer sur l’aspect graphique qui est en tout point irréprochable.


Nadar. Le Monde à tes pieds. La Boîte à Bulles, 2017.