Ce livre est fascinant car Bobby Fischer est fascinant et ce livre est sa biographie. Il raconte par le menu la vie du génie des échecs. Pourquoi est-il aussi fascinant ? Certainement car, comme les pièces du jeu d’échecs, il a un côté clair et un côté sombre. Un véritable génie dans le monde du jeu qui montre un profond déséquilibre dans le monde réel. C’est bien le genre de dualité dont tous les auteurs de fiction se nourrissent lorsqu’ils souhaitent créer un personnage de légende.

Toute son histoire est là, sous nos yeux, consignée dans les moindre détails par son biographe, Frank Brady. La construction est classique, sans artifice – sauf un seul au début. Le récit n’en avait a priori pas besoin tant il exerce un magnétisme puissant sur le lecteur. Cette biographie est aussi l’occasion de revisiter l’histoire récente des États-Unis sous un angle différent avec, en point d’orgue, la guerre froide dont une bataille se joua sur l’échiquier. Henry Kissinger aurait appelé Fischer en commençant la conversation ainsi, brillant.

Le plus mauvais joueur d’échecs au monde parle au meilleur.

Difficile de poser le livre et, même si l’histoire de Fischer est connue, je ne veux pas en dévoiler des éléments ici pour laisser au lecteur le plaisir de les découvrir en tournant les pages.


Brady, Frank. Fin de partie. Traduit par Vincent Raynaud, Aux forges de Vulcain, 2018.