Je voulais lire depuis longtemps un roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam – ou l’un de ceux publiés sous son pseudonyme Rebecca Lighieri. J’avais prévu de débuter par Arcadie, mais ce roman plus récent m’est tombé entre les mains – je crois savoir qu’ils présentent quelques similitudes. Il est question d’une communauté religieuse composée de marginaux – le terme freak est aussi employé par l’un des personnage. Leurs psaumes sont des alexandrins, leur bible est écrite par les plus grand poètes. On y croise des identités de genres et des orientations sexuelles multiples. Au sein de cette communauté, le lecteur va suivre plus particulièrement son fondateur et l’histoire compliquée de sa famille. Dans cette famille non conventionnelle tout est exacerbé, comme si tout était vécu avec plus de force.
C’est le diable qui est dans les détails, pas Dieu. Dieu n’a que des vues d’ensemble – et il est suffisamment conscient de la tragique brièveté de notre existence pour ne pas nous la pourrir avec des lois absurdes et vétilleuses.
Ce n’est ni un sujet ni un univers qui m’attire particulièrement, mais j’ai pourtant été emporté par la prose de l’autrice. Son écriture a tout pour séduire, aisance et érudition, du haut niveau. Le texte est à la fois très cru et très drôle, superficiel et profond. Un véritable talent d’écriture et une très belle découverte.
Emmanuelle Bayamack-Tam. La Treizième Heure. P.O.L, 2022.