Rithy Panh est un survivant du génocide cambodgien. Il a perdu presque toute sa famille et traversé l’enfer. Alors qu’il était encore enfant, les Khmers rouges – un mouvement politique communiste d’inspiration maoïste – prennent le pouvoir et mettent en oeuvre des purges visant certaines catégories de la population. Il ne s’agit pas de l’élimination ciblée de quelques dirigeants, mais bien de l’évacuation de villes entières, dont la capitale Phnom Penh, suivie de tortures et d’exécutions de masse qui feront près de deux millions de morts.
À la tête de ce régime se trouve le dictateur Pol Pot. Duch, de son côté, dirige la prison S‑21, qui n’est en réalité rien d’autre qu’un centre de détention, de torture et d’élimination systématique.
Arrivé en France comme réfugié, Rithy Panh devient réalisateur. Très tôt, il ressent la nécessité de témoigner pour raconter son histoire, mais aussi interroger son bourreau, Duch, afin de le confronter à ses crimes et tenter de comprendre. L’Élimination alterne ainsi entre les entretiens menés avec l’ancien responsable de S‑21 et le récit de la survie de l’auteur sous le régime des Khmers rouges.
À l’instar d’autres œuvres citées par l’auteur, comme Dans le nu de la vie, les événements relatés sont d’une violence extrême. On peine à concevoir comment des hommes ont pu infliger cela à d’autres hommes. Plus troublant encore, les bourreaux ne sont pas des figures lointaines ou abstraites, ce sont parfois des voisins, des proches, voire des membres de la famille.
L’Élimination est un témoignage essentiel, à la fois personnel et historique. Un livre nécessaire pour rappeler que ces atrocités ont été commises il y a à peine cinquante ans, et que leur mémoire demeure indispensable pour comprendre le monde contemporain.
Rithy Panh & Christophe Bataille. L’élimination. Grasset, 2012.