Asterios Polyp

Depuis que j’entends parler de ce livre, que j’hésite à l’acheter, j’ai enfin eu l’occasion de l’emprunter à la bibliothèque. Il correspond à l’image que je m’en étais faite. C’est un livre intelligent, cultivé et même un brin élitiste pour tout dire. Ce roman graphique – puisqu’il faut l’appeler ainsi – est techniquement très maitrisé, que ce soit sur le plan graphique, sur le plan narratif et sur le fond. Le style graphique épuré n’a pas empêché David Mazzucchelli de truffer ses dessins de détails qui ne sont jamais là par hasard. Le profil d’Asterios par exemple est symétrique. L’avant et l’arrière de sa tête peuvent être confondus lorsqu’il est dans la pénombre ou à contre-jour. On dirait le Janus de la mythologie romaine présentant deux visages de part et d’autre de sa tête. Voici un des moyens d’illustrer la dualité qui est l’un des fils rouge du livre – cette opposition, ce yin et yang est présente partout – et qui trouve sa source chez le jumeau du héros qui le hante. On peut aussi penser à une matérialisation de la vie du personnage et de la narration. Une partie du visage regardant vers son avenir et une partie vers son passé. La narration suit une forme classique, mais toujours aussi efficace. Des flashbacks permettent au lecteur de comprendre comment Asterios en est arrivé là alors que l’histoire continue d’avancer dans le présent. ...

1 janv. 2016 ·  BD  ♥