Ce roman qui se déroule après Un tout petit monde se passe en Angleterre sous le gouvernement Thatcher et relate la rencontre improbable entre le manager d’une grande entreprise et un professeur d’université. Le premier officie dans une fonderie où la testostérone règne en maître. Dans cette usine, des pin-up dénudées sont placardées au mur et les seules représentantes de la gente féminine ne sont que des caricatures de secrétaires rêvant de voir leur propre fille poser pour un calendrier. Le second enseigne la littérature dans une université subissant de plein fouet les effets d’importantes restrictions budgétaires. Sa spécialité est le roman industriel et il pense que le romancier est un capitaliste de l’imagination …

Ces deux personnages vont participer à un programme d’échange visant à rapprocher les universités du monde de l’entreprise. Au travers du choc de la rencontre entre ces protagonistes aux préoccupations diamétralement opposées c’est deux mondes qui vont entrer en collision. Cette rencontre va nous permettre de comprendre, en même temps que les personnages, les motivations de chacun. Mais, vous l’aurez compris, un élément d’importance va venir pimenter le récit : l’un des deux est un homme et l’autre une femme.

Encore une fois, David Lodge, tout en militant pour la tolérance intellectuelle, réussit à nous séduire grâce à une intelligence subtile et un sens aigu du bon mot. Il nous plonge au cœur de l’histoire en adaptant son style pour mieux servir les discours et les pensées de chacun des personnages. Le livre regorge de situations cocasses et de traits d’humours qui font définitivement de cet ouvrage un excellent roman.


David Lodge, Jeu de société, Rivages, 1991, 412 p, Amazon.