Il y a quelques temps, chez mon ami bouquiniste, je tombe sur un livre grand format, assez fin, à la couverture grise. Là, en lettre rouge, un titre que je connais bien Extension du domaine de la lutte. Bizarre, je ne savais pas que Houellebecq était chez Maurice Nadeau avant de claquer la porte au nez de son éditeur de l’époque, le trublion des milieux littéraires, Frédéric Beigbeder – alors directeur éditorial de Flammarion – pour partir chez Fayard. Bref tout ça pour dire que j’avais très envie de relire ce roman découvert lorsque j’étais étudiant. Je me souviens très bien avoir été bluffé par cette écriture, c’était quelque chose de complètement nouveau pour moi bouleversant les codes de la littérature que je connaissais. J’ai donc décidé de le relire.

La première chose est qu’il n’a pas trop vieilli, mis à part quelques Minitels et autre traces des années 90 aux détours de certaines pages, le sujet dont il traite, la dépression, est malheureusement toujours d’actualité. C’est un mal terrible et insidieux qui frappe lourdement notre civilisation. Le phrasé de Michel Houellebecq est toujours aussi efficace et décapant, jugez plutôt:

Le bâtiment, la nuit, est envahi par une bande de zonards et de semi-clochards. Des créatures crasseuses et méchantes, brutales, parfaitement stupides, qui vivent dans le sang, la haine et leurs propres excréments. Ils s’agglutinent là, dans la nuit, comme de grosses mouches à merde, autour des vitrines de luxe désertes.

Le tout est donc assez glauque mais à la fois très percutant. C’est donc un roman à lire si vous n’avez toutefois pas de tendances dépressives … Après cette lecture, je vais me tourner vers quelque chose de plus réjouissant, du Christopher Moore peut-être ?


Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, J’ai lu, 2005, 155 p, Amazon.