Voilà encore un titre étrange. Que peut-il signifier ? Il fait manifestement référence au Viandier de Taillevent qui est un livre de cuisine datant XVe siècle. Le mot “viande” est utilisé ici dans le sens latin de “vivenda” qui désigne les aliments en général. Polpette est donc le nom d’un cuisinier – c’est le personnage que l’on voit au premier plan sur la couverture assaisonnant consciencieusement le plat en train de mijoter. La couverture illustre parfaitement l’histoire, Polpette est toujours présent mais ne se trouve jamais au centre de l’action. C’est un grand gaillard tranquille et taciturne qui observe le monde autour de lui et vit pour sa passion : la cuisine. Le comte Fausto de Scaramanda que l’on aperçoit tenant un verre de vin à bout de bras est, comme on peut le supposer, plus expansif. Le comte est le propriétaire de l’auberge du Coq Vert dans laquelle est employé Polpette. Il se lève tard, boit un cocktail en guise de petit déjeuner et occupe ses journées à exercer des activités futiles et excentriques. Tout ce déroulais à merveille dans cette jolie auberge jusqu’à l’annonce de la venue d’un visiteur de marque. Cet évènement va bouleverser notre jeune comte en faisant remonter à la surface de bien vieux souvenirs.

Pour rester dans le vocabulaire culinaire, je me suis régalé en lisant cette BD. L’histoire est intéressante et bien construite mais c’est surtout l’univers et les personnages qui m’ont séduit. Le personnage du comte est particulièrement séduisant, c’est un dandy ayant gardé une âme d’enfant. Certains autres occupants de l’auberge ne sont que très peu exploités et conservent donc une grande part de mystère.

Le charme qui se dégage de cette BD est indescriptible, on passe vraiment un excellent moment à tourner les pages colorées aux dessins charmants. Je gardais le meilleur pour la fin. Le récit est agrémenté de diverses recettes de cuisine et de cocktail directement tirées du Viandier de Polpette. Ce petit plus qui ne manquera pas de vous mettre l’eau à la bouche – il faut absolument que je goûte le Prego de confère un charme supplémentaire à un livre qui a décidément tout pour séduire. Pour ma part, je pense que je ne résisterai pas à m’y replonger avant la sortie du second tome – je vais aussi tester quelques recettes.


Olivier Milhaud et Julien Neel, Le Viandier de Polpette, Gallimard Jeunesse, 2011, 144 p, Amazon.