Pour les plus jeunes qui ne connaitraient pas René Barjavel, on peut dire, sans risquer le courroux de leurs fans respectifs, que son univers est un peu similaire à celui de Bernard Werber. La science et la technologie sont souvent très présentes et constituent des éléments forts de l’intrigue. De façon plus marquée que son contemporain, Barjavel réserve souvent dans ses romans une place de choix au thème de l’amour.

La nuit des temps, dont il est question ici, mêle parfaitement ces différentes thématiques. Lors d’une expédition scientifique en Antarctique, une équipe de chercheurs va faire une découverte surprenante. En effectuant des sondages du sol gelé, les scientifiques vont tomber sur un ensemble de formes rectilignes et lisses. La nature n’a pas l’habitude de procéder ainsi et fabrique plus souvent des reliefs accidentés que des formes aux courbes et aux droites parfaites. De là à en conclure qu’il y a, sous leurs pieds, quelque chose de fabriqué par la main de l’homme, il n’y a qu’un pas. Il est cependant très difficile à franchir lorsque l’on sait que les formes en question se situent à environ 1 000 mètres de la surface. D’après les estimations d’évolution des couches de glace, cette profondeur date leur apparition à environ 900 000 ans soit bien avant l’apparition de l’homme sur la surface de la Terre.

C’est un roman plaisant à lire. Certains seront complètement charmés par ce livre pendant que d’autres le trouveront trop mièvre. Pour ma part, je me situe entre les deux, mais j’ai plutôt passé un agréable moment de détente à lire ce roman. Il est bien fait et son récit se déroulant sur plusieurs plans temporels confère un attrait supplémentaire à l’ensemble. Les thématiques utopie et dystopie chères à l’auteur sont également largement abordées. Il faut dire que les sociétés imaginées par les auteurs de science-fiction prêtent toujours à réfléchir. On ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle avec notre monde contemporain – ou celui des années 60 – et d’y voir certaines similitudes. Donc un roman à conseiller, notamment pour les plus jeunes. Ne vous inquiétez pas, l’auteur a voulu leur faire vivre les moments les plus torrides de l’histoire sans froisser leurs chastes oreilles. Pour cela, il a emprunté à la nature les termes nécessaires à l’élaboration de métaphores évocatrices – l’arbre est souvent mis à contribution.


René Barjavel, La nuit des temps, Pocket, 2005, 393 p, Amazon.