Du sommet des alpes japonaises aux bas-fonds du quartier de Shibuya, le dépaysement est garanti. Ce ne sera donc pas facile pour Shiga d’évoluer dans ce nouveau milieu grouillant de monde lui qui est habitué à la quiétude des montagnes. Pourtant, il ne va pas hésiter un instant à entreprendre ce voyage. Il faut dire que l’enjeu est de taille. La fille de son meilleur ami – disparu il y a plusieurs années lors d’une ascension –, celle qu’il lui avait demandé de protéger à tout prix est en danger.

Vous sentez bien le souffle romanesque, le déploiement implacable de l’armada des bons sentiments. Ce sujet aurait fait un parfait candidat pour le scénario de l’un de ces téléfilms diffusés l’après-midi à la télévision pendant les vacances de Noël. Mais non, c’est le maître Taniguchi qui s’y colle et le résultat n’est pas bien meilleur. Bien sûr, le dessin est précis et efficace, la mise en page maîtrisée mais rien n’y fait, la pilule de passe pas – ou alors je n’étais pas dans un bon jour. Le courageux alpiniste, l’ami disparu en montagne, la petite fille qui a grandi, la veuve avec qui il y a eu ou il pourrait y avoir une histoire, les méchants voyous et le terrible patron de multinationale tout y est. Je ne vous parle même pas du parallèle de la fin qu’il fallait oser. Taniguchi a fait de très bonnes choses mais pas celle là. Si vous souhaitez vous plonger dans le monde de l’enfance tournez-vous vers Quartier Lointain, si vous souhaitez vous hisser en haut des montagnes choisissez Le Sommet des Dieux mais évitez Le Sauveteur.


Jiro Taniguchi, Le Sauveteur, Casterman, 2007, 336 p, Amazon.