Je reproche parfois aux livres de Jiro Taniguchi d’être ennuyeux – je vais me faire incendier en disant cela. Son travail est toujours irréprochable sur tous les plans, mais pas toujours palpitant – voir Le sauveteur par exemple qui se déroulait lui aussi en montagne. Malgré la longueur conséquente de cette série ce n’est pas du tout le cas. L’histoire est prenante, presque addictive. Est-ce lié au fait qu’il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de Baku Yumemakura ? Dans tous les cas, la recette de l’alpinisme en littérature fait mouche une fois de plus. Ces histoires illustrent à un tel point le dépassement de soi, le combat de l’humain contre la nature la plus hostile, la pureté d’une quête qui se résume à gravir une montagne pour pour arriver à son sommet, qu’elles bouleversent invariablement le lecteur. Ajoutez à cela les drames qui accompagnent immanquablement ces exploits et vous avez l’une des raisons qui fait que l’on a du mal à lâcher ce titre une fois commencé.

C’est le plus grand défi qu’un être humain puisse relever. Il faut bénéficier de la faveur de dieux pour accomplir une telle ascension. Il s’agit de pénétrer dans leur domaine et de remettre sa propre vie entre leurs mains.

La deuxième tient certainement aux charisme des personnages. Ici le portrait du sombre et extrême Habu Jôji est irrésistible. Toute cette matière est sublimée par le talent de Taniguchi. Une maîtrise parfaite dans les dessins – c’est évident –, mais aussi dans l’art de la bande dessinée dans toutes ses dimensions et vous obtenez ce qui se rapproche d’un petit – ou plutôt d’un gros – bijou composé de cinq gros tomes à avoir dans sa bibliothèque, ou à emprunter – c’est ce que j’ai fait.

P.-S.: Il n’aura échappé à personne que ce roman / manga a été adapté avec succès – a priori car je ne l’ai pas vu – au cinéma.


Taniguchi, Jiro & Yumemakura, Baku. Le Sommet des Dieux. Kana, 2010.