L’un des fantasmes de l’Homme, l’un de ses rêves les plus fous: pouvoir continuer à se battre tout en faisant le moins de victimes possible – un peu comme des enfants jouant avec des soldats de plomb. Il n’y a qu’à voir tous les efforts déployés pour mener une guerre “propre”, les frappes chirurgicales, les drones et bientôt les robots qui envahiront les champs de bataille. C’est le point de départ de cette histoire de Grant Morrison. Il imagine un concept novateur – bien que j’ai déjà entendu parler quelque part de dauphins de combat – consistant à équiper des animaux d’un exosquelette bourré d’armement. Un bon conditionnement ainsi qu’un dispositif électronique parachèvent le travail et donnent naissance à de véritables armes de destruction massive sur pattes. Tout est pour le mieux lorsqu’elles sont sous contrôle mais que se passe-t-il si elles échappent au joug des militaires pour retrouver leur statut premier d’animal de compagnie.

Grant Morrison joue sur les contrastes, le chaud et le froid. Retrouver nos doux compagnons – quoi de plus attendrissant qu’un chien un chat et un lapin – en tueurs sanguinaires est l’équivalent d’un oxymore en littérature. Le lecteur se retrouve alors dans une position inconfortable, torturé entre la compassion et la condamnation. Mais n’est-ce pas l’Homme – encore une fois – le vrai coupable ? Au delà de ces considérations intéressantes, et de l’évidente dénonciation de l’exploitation des animaux par notre société, je n’ai pas été charmé par ce véritable conte trash des temps modernes. Est-ce dû au dessin dont je n’apprécie pas particulièrement le style, à l’extrême violence de certaines scènes ou aux dialogues – peut-on vraiment parler de dialogues – très particuliers entre les personnages qui nuisent beaucoup à la lecture ? Ce sont certainement les principales raisons de ma déception. Déception qui n’est, encore une fois, pas partagée pas la communauté des lecteurs qui tient plutôt des propos dithyrambiques à l’égard de ce livre.


Grant Morrison et Frank Quitely, WE3, Panini Comics, 2006, 104 p, Amazon.