Christophe André, le psychiatre, nous parle cette fois non pas des émotions mais des états d’âme. Qu’est-ce que les états d’âme ? C’est l’état indéfinissable dans lequel nous nous trouvons en permanence – vous n’êtes pas bien plus avancé. Ce n’est pas une grande émotion comme la peur ou la colère forte et entière, blanche ou noire. Ici, c’est tout en nuance dans d’infinis niveaux de gris. Quelque chose entre le spleen, un peu de mélancolie et une légère tristesse. Toute une gamme d’humeurs dans lesquelles nous vivons en permanence – c’est le mood anglais. Ce que Proust a merveilleusement décrit dans À la recherche du temps perdu, Christophe André nous l’explique avec sa vision et son érudition. N’allez pas croire pour autant qu’il va nous abreuver de termes scientifiques et techniques. Bien au contraire, il s’appuie énormément sur les auteurs et cite abondamment Cioran mais aussi Pessoa et bien d’autres comme Woody Allen bien connu pour son anxiété chronique. Je ne peux résister à reproduire ici la citation du cinéaste utilisée par Christophe André.

Qu’est-ce qui peut bien me tourmenter autant au sujet de la mort ? Probablement les horaires.

Christophe André a réalisé un travail à la fois grand public, sans jamais tomber dans la vulgarisation, et très érudit sur cet aspect souvent occulté mais ô combien important de notre façon de vivre. Il nous permet de mieux nous comprendre et de mieux nous assumer en mettant des mots sur des aspects complexes et impalpables trop souvent négligés. Depuis la lecture de ce livre, je suis plus attentif à la présence des états d’âme dans la littérature et je trouve que Le démon, que j’ai lu précédemment, offre une description particulièrement frappante de ce que peut être la souffrance psychologique.


Christophe André, Les États d’âme : Un apprentissage de la sérénité, Odile Jacob, 2011, 480 p, Amazon.