Décidément je fais dans le Gonzo journalisme religieux après L’année où j’ai vécu selon la bible, me voici désormais sur la route direction Saint-Jacques de Compostelle en compagnie d’Alix de Saint-André. Alix de Saint-André est une journaliste de presse écrite qui avait officié quelques temps à la TV en tant que chroniqueuse. Elle nous raconte avec beaucoup d’humour parfois sarcastique mais toujours drôle, ses pèlerinages – ce n’est pas une erreur elle en fait plusieurs. Même si elle est issue d’un milieux religieux, elle ne se gène pas pour égratigner ses compagnons de voyage. On a droit à quelques bons moments et le franc-parler de la journaliste fait merveille. C’est vrai que c’est un sacré personnage. Elle râle, elle critique, elle fume cigarette sur cigarette et ne crache pas sur un bon apéro.

Nous voilà donc en pleine partie de rigolade avec une amie sympa quand tout à coup, dans la vie réelle – pas celle des pèlerins – des malheurs la touche. Le ton change alors pour devenir sincère et émouvant. Le vernis s’écaille et ça sonne vrai. Ce récit semble improvisé, décousu, elle nous raconte qu’elle s’y est prise comme un manche pour faire ce livre car elle n’avait pas pris de notes puis en retrouve un bout et l’intègre. C’est parfois un peu préjudiciable car le charme de la nouveauté s’est un peu évanoui et les jambes sont un peu lourdes lorsque l’on aborde le second voyage. Hormis le talent et la personnalité de la journaliste, c’est malgré tout ce côté déconstruit qui fait le charme du livre. Ça sent le vrai et on se laisse charmer par un récit non conventionnel qui nous offre un autre point du vue sur la religion et sur cette expérience singulière – et finalement pas si anachronique que ça – du pèlerinage. On se prend à réfléchir, à se dire que cette pratique vielle comme le monde conserve encore des valeurs essentielles. Il permet de couper les ponts d’avec la frénésie de notre vie quotidienne, de réfléchir, de se rapprocher de la nature, des autres et surtout de soi.


Alix de Saint-André, En avant, route !, Gallimard, 2011, 352 p, Amazon.