Sonia est une jeune physiothérapeute. Depuis quelques temps, sa vie s’est délitée, elle est séparée de son mari, un jeune homme ayant réussi dans la finance. Puis, les sorties, l’alcool, les drogues jusqu’à une expérience avec du LSD qui lui a laissé des séquelles. Cette drogue a réveillé en elle une synesthésie latente. Depuis, elle voit des voix et sent des couleurs. C’est pour se reconstruire qu’elle a décidé de partir travailler dans un village de montagne. Le grand hôtel qui y siège a été récemment rénové et offre des services de balnéothérapie pour lesquels il est nécessaire de s’attacher les services d’un personnel qualifié. Elle souhaite couper les ponts, retrouver une vie saine, se mettre au sport et elle pense que ce village sera le lieu idéal. Pourtant, le contact avec les habitants n’est pas des plus chaleureux. Comme dans tout village, des tensions couvent, le moindre évènement peut à tout moment raviver de vielles rancoeurs. Les villages de montagne sont aussi un terrain propices aux superstitions et à la survivance d’anciennes légendes. D’ailleurs, d’étranges évènements ne vont pas tarder à se produire.

Martin Suter est un très bon conteur. Son style est impeccable et frôle lors de certains passages la poésie. Dans ce domaine, la synesthésie de son héroïne l’aide beaucoup et lui fournit un matériau très adapté. Au delà de ce qui pourrait être considéré comme un artifice, il sait parfaitement dépeindre les ambiances plus subtiles. Ce cadre du petit village de montagne se prête très bien aux atmosphères contrastées, crépusculaires, à la lisière du paranormal. L’histoire est originale et prenante au départ mais son intérêt se délite au fur et à mesure pour transformer le livre en une sorte de thriller finalement assez banal. La justesse de l’écriture de Martin Suter le tire tout de même vers le haut et lui permet de sortir du lot. C’est un auteur que je connaissais depuis longtemps mais dont je n’avais encore rien lu. Après cette bonne première impression, je ne vais pas hésiter à me plonger dans sa bibliographie.


Martin Suter, Le diable de Milan, traduit par Olivier Mannoni, Points, 2007, Amazon.