J’ai du mal à parler de ce livre. Pourtant je l’ai beaucoup aimé. Peut-être que mon manque d’inspiration est lié à son sujet, diffus et finalement assez commun. Il met en scène une famille qui s’est fissurée et est prête a éclater. En fait, le coeur a déjà éclaté mais une fine couche à la surface permet de la maintenir à flot. Les enfants sont grands (une fille et deux fils, des jumeaux) et la famille n’est désormais composée que d’adultes qui n’ont plus grand chose en commun – je dirais même que tout oppose. Le plus atteint de tous est incontestablement le père – disons que c’est lui qui supporte le plus difficilement le poids de cette situation. Depuis un pétage de plomb mémorable en public, cet écrivain n’a plus écrit une ligne et navigue entre neurasthénie et folie pure.

En relisant ce que je viens d’écrire, j’ai peur qu’il y ait une incompréhension. Ce livre ne peu raisonnablement pas être qualifié de drame tant il sait s’avérer drôle et dans tous les cas délicieusement caustique et absolument cynique. On est plus chez un David Lodge trash que chez Faulkner. L’exercice est d’ailleurs réussi car sous cette caricature apparaissent clairement de vraies problématiques de notre société. Il est donc possible d’initier une réflexion plus profonde sans se prendre au sérieux.

J’ai passé un excellent moment, j’ai vraiment adoré le cynisme de ce livre et l’humour qui va avec. Porté à un tel niveau il devient un art jubilatoire. Mais vous me direz : “que vient faire Kennedy dans toute cette histoire ?”. Eh bien, je vous laisse le découvrir.


Jean-Paul Dubois, Kennedy et moi, Points, 1997, 203 p, Amazon.