Lorsque l’on regarde de près le travail de la star montante de la BD, Bastien Vivès, on se rend compte que c’est une question de génération. Récemment primé pour La Grande Odalisque1 il reprend du service en mode collaboratif, mais en embarquant avec lui de nouveaux camarades de jeu. Si on peut raisonnablement considérer que sa précédente création était inspirée du dessin animé diffusé sur FR3 le dimanche soir Cat’s Eyes, on peut également se poser la question des sources d’inspiration pour ce LastMan. Et elles sont potentiellement nombreuses : de la moins avouable référence au grand acteur belge Jean-Claude Van Damme dans Bloodsport à celle bien plus consensuelle de Dragon Ball Z en passant par une partie de Street Fighter II – j’ai reconnu le masque de Vega, l’un des boss du jeu – sur borne d’arcade ou sur Super Nintendo et en finissant par la lecture d’un Naruto dans les toilettes – pour ça le petit clin d’oeil façon manga à la fin du volume nous aide bien. Les frères Bogdanov ont aussi manifestement été une source d’inspiration, mais ça n’a rien à voir. Bastien Vivès n’est pas étranger à tout ça car il ne s’est pas occupé que des couleurs (présentes uniquement sur les premières pages) comme le mentionne la page de garde, mais a construit le scénario et dessine en tandem avec Michaël Sanlaville. Ceci explique pourquoi on retrouve du Vivès dans les dessins sans que ce soit totalement du Vivès (dessins schématiques mais expressifs, aplats de noir, son style quoi).

Le point central du livre, qui est aussi le point commun de toutes les références – hautement culturelles – que je viens de citer, est le tournoi. Ici il est organisé au sein d’un village et a la particularité d’opposer des équipes de deux combattants – comme dans certains matchs de catch. Le duo que nous allons suivre est hétéroclite puisqu’il est composé d’un frêle petit garçon et d’un grand étranger plutôt balaise.

Contrairement aux références citées précédemment, l’accent n’est pas mis sur le détail des combats qui sont assez courts. Ce choix est judicieux car l’observation clinique des techniques de chaque combattant peut se révéler rapidement assez ennuyeuse. Le dynamisme du découpage et celui insufflé par les dessins participent à cette impression favorable en rendant les phases de combats fluides et agréables à suivre.

Si le tournoi est bien le point de convergence du récit, nous venons de voir qu’il ne prend pas tout l’espace. Il est occupé par tout ce qu’il y a autour pour mieux tenir le lecteur en haleine. Comme dans les mangas, le passé des personnages n’est révélé qu’au fil de la trame principale de la narration. Ces révélations au compte-goutte enrichissent le récit et crées de l’attente chez le lecteur.

L’objectif est atteint, on suit ce tournoi et on découvre les personnages avec un réel plaisir. Heureusement, le deuxième tome vient de paraître – et, a priori, ce ne sera pas le dernier.


Bastien Vivès, Michaël Sanlaville et Balak, LastMan tome 1, Casterman, coll. « KSTR », 2012, 216 p, Amazon.


  1. Ruppert et Mulot, La Grande Odalisque #1, Dupuis, 2012, 124 p, Amazon↩︎