J’avais entendu parler dans un hors-série Le Magazine littéraire / Marianne daté de juillet 2013 d’un roman intitulé Le livre du roi. Ce n’était pas forcément une bonne chose car j’avais trouvé qu’ils en faisaient beaucoup avec leur dossier et que tout ça sentait un peu trop la propagande. Mais bon, je décide quand même de tenter l’aventure – c’est Le Magazine littéraire quand même. Je ne sais pas pour quelle raison, mais j’avais envie d’un roman un peu dans le genre que je nomme ésotérique. Même si ce n’est pas le terme idoine, il regroupe pour moi des romans allant de ceux du très élitiste Umberto Eco 1 à ceux du plus populaire Dan Brown 2. Des fois on a des envies qui ne s’expliquent pas.

Je dois avouer que j’ai d’abord passé un bon moment en lisant ce roman. Ce n’est certainement pas de la grande littérature, mais les premiers chapitres sont suffisamment divertissants et facile à suivre — ce qui est quand même appréciable parfois. Les clichés sont tous là – youpi. A force de les croiser, ils sont devenus de vieux amis, des connaissances auxquelles on s’est attaché au fil du temps. Ce n’est pas désagréable de les retrouver. Le jeune homme naïf qui arrive à la ville et qui fait la rencontre du vieux professeur un peu fou et acariâtre, mais terriblement doué.

Bon après 218 pages, je jette l’éponge. Ce n’était pourtant pas déplaisant – comme une balade en barque sur un étang artificiel –, mais au bout d’un moment, il faut bien avouer que l’on s’ennuie quand même un peu.

Autant être clair, le curseur est bien côté Dan Brown on est très loin de Eco – le dossier était bien bidon, les journalistes ne m’avaient pas paru trop à l’aise sur le coup, si ça ne sent pas la promo à plein nez. Il faut tout de même porter une chose au crédit d’Arnaldur Indridason. Contrairement à Dan Brown, son livre n’est pas formaté pour devenir un scénario de film hollywoodien. Après ces 218 pages j’ai bien vu quelques méchants, mais je n’ai pas eu le bonheur d’assister à la grande histoire d’amour qui fait partie du cahier des charges de tout bon blockbuster.

Dommage car l’auteur semble avoir une bonne connaissance des manuscrits anciens islandais, mais n’en tire pas matière pour son histoire. Les deux personnages principaux sont à la recherche d’un manuscrit, mais ce serait peu ou prou la même chose s’ils cherchaient un ancien joyau ou un objet quelconque du patrimoine.

Le choix du type de narration n’aide pas vraiment à insuffler du dynamisme à l’histoire. En utilisant un narrateur homodiégétique (le narrateur est présent comme personnage dans l’histoire qu’il raconte, c’est un récit à la première personne) et une perspective passant par le narrateur (on ne peut normalement savoir que ce que sait le narrateur), le romancier islandais s’est imposé une contrainte inutile et assez pénalisante.

Les amateurs de Dan Brown apprécieront certainement ce livre, les autres pas.


Arnaldur Indridason, Le livre du roi, traduit par Patrick Guelph, Métailié, coll. « Bibliothèque nordique », 2013, 354 p, Amazon.


  1. Umberto Eco, Le nom de la rose, traduit par Jean-Noël Schifano, Le Livre de Poche, 1983, 640 p, Amazon↩︎

  2. Dan Brown, Da Vinci code, traduit par Daniel Roche, J.-C. Lattès, 2013, 570 p, Amazon↩︎