La promulgation en 2013 de la loi sur le mariage pour tous n’a pas changé les esprits sur la question de l’homosexualité. C’est en tout cas ce que l’on pourrait croire en constatant le succès critique et public qu’a recueilli ce livre et son adaptation au cinéma La vie d’Adèle – il est d’ailleurs curieux d’avoir troqué un si beau titre contre un d’aussi banal. Car ce livre, si bien construit qu’il soit, n’en reste pas moins qu’une belle histoire d’amour qui se finit mal.
N’ayez crainte, je ne viens pas de révéler un élément prépondérant de l’intrigue puisque c’est le point de départ du récit. A partir de ce point de départ, le lecteur va apprendre l’histoire par le biais de la lecture d’un journal intime. Bien qu’il ne soit plus vraiment novateur, l’efficacité de ce procédé ne se dément pas puisque le lecteur, bien qu’ayant connaissance de la situation finale, va être curieux d’apprendre ce qui est arrivé et surtout comment c’est arrivé. Au-delà de ce procédé narratif, le scénario n’a rien d’exceptionnel et on retrouve des éléments finalement assez convenus lorsque l’on aborde la thématique de l’homosexualité. Certains passages sont même assez faibles et pourraient être qualifiés de clichés. Auriez-vous l’idée de descendre à poil, chercher du lait dans la cuisine, lors de votre première nuit chez les parents de votre petite amie ?
Les dessins ne me touchent pas et l’usage de la couleur – avec une prédominance de bleu évidemment – au sein de planches majoritairement monochromes relève plus de l’artifice que du bon goût.
Je fais mon grincheux, mais je m’attendais vraiment à mieux, à plus de finesse, de subtilité, pour un livre qui a bénéficié d’une telle couverture médiatique.
Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, Glénat, 2013, 160 p, Amazon.