Philippe Jaenada n’aime rien moins que disséquer les anciennes affaires – ce que les américains nomment les cold cases. Ici, il s’intéresse à ce qui est connu comme le triple homicide du château d’Escoire. Cette nuit, parmi les quatre personnes présentes au château, Henri Girard est le seul survivant et donc le principal suspect. Celui qui n’est pas encore devenu Georges Arnaud l’auteur du Salaire de la peur, devient du même coup le seul héritier de cette riche famille. J’ai essayé de ne pas trop en dire, mais on devine sans mal qu’il y a de la matière et plus qu’il n’en faut à Jaenada qui n’a pas besoin d’autant tant il est prolixe. On ne s’en plaint pas – au moins au début –, car il est un bon compagnon, celui que l’on aime écouter pendant des heures nous raconter une histoire – et il vaut mieux parce qu’elle est longue cette histoire. C’est le roi de l’anecdote et de la digression à un point que j’avais rarement vu – pour ne pas dire jamais. Disons qu’il faut aimer les bavardages.

Il faut aussi aimer chercher la petite bête, fourrer son nez partout, se refaire le film, détricoter les histoires, parcourir de vieux documents en quête d’indices, bref être un maniaque de l’enquête. C’est franchement plutôt réussi car l’affaire s’y prête à merveille. Le destin d’Henri Girard / Georges Arnaud vaut le détour et l’affaire en question est loin d’être limpide. Jaenada est vraiment habile car il nous donne à voir plusieurs points de vues, nous fait changer d’avis. On se sent un poil manipulé, mais c’est vraiment bien fait. De mon côté, j’ai bien apprécié l’exercice, mais je n’ai pas vraiment accroché au personnage Henri Girard / Georges Arnaud. Je vais réitérer l’expérience Jaenada avec un autre sujet puisque j’ai sur ma pile à lire – difficile de le rater – son dernier pavé Au printemps des monstres1 – je ne vais pas l’attaquer tout de suite quand même.


Jaenada, Philippe. La Serpe, Julliard, 2017.


  1. Jaenada, Philippe. Au printemps des monstres. Mialet-Barrault, 2021. ↩︎