Le fait de poser les yeux sur cette BD ne laisse pas indifférent. La couverture interpelle, le livre est grand et épais et l’édition signée 2024 de très grande qualité (beau papier, reliure, etc.). Ensuite, en l’ouvrant on est happé par les dessins. De la couleur directe avec une palette de couleur restreinte (du bleu et du rouge), un style inimitable avec des perspectives à tomber, des pleines pages à couper le souffle – je mettrais bien une reproduction de l’immeuble de Mahel dans mon salon –, des effets inédits, tout en conservant un certain minimalisme – le grand écart réussi. La seule comparaison sur ce plan qui me vient à l’esprit est l’immense Asterios Polyp, même si ce n’est pas la même chose, j’avais ressenti un peu la même impression.

L’histoire n’est pas en reste sur le plan de l’originalité. Au début de la lecture on perçoit immédiatement quelque chose d’étrange dans l’univers, mais on ne sait pas trop quoi et on a du mal à savoir ce qu’il va se passer. On comprend ensuite qu’il s’agit d’une allégorie sur les réseaux sociaux, d’une dystopie. Leur omniprésence et leur emprunte sur le monde, ils semblent être devenus le reflet du monde, s’ils n’en parlent pas, ça n’existe tout simplement pas.

Votre présence était quasiment nulle, votre coeur ne l’a pas supporté.

Ce pas de recul à grand coup de claque graphique dans la figure – vous verrez en le lisant c’est un clin d’oeil – est une bouffée d’air frais et une incitation à tout claquer – là aussi – pour partir vers le grand vide.

Est-ce que cette ville a une fin ??

Dernière minute, cet ouvrage a reçu le prix du public au festival d’Angoulême 2022. Un grand bravo à la jeune autrice Léa Murawiec pour ce prix bien mérité.


Murawiec, Léa. Le grand vide. Editions 2024, 2021.