Celui qui aurait la connaissance et la maîtrise d’une telle fonction serait virtuellement le maître du monde. Sa puissance n’aurait aucune limite.
Quelle idée étrange que de nouer une intrigue digne d’un roman d’espionnage autour de l’accident ayant entrainé la mort du sémiologue le plus célèbre des années 60, Roland Barthes. C’est malin, mais très élitiste, un entre-soi dans le milieu intellectuel de la French theory. Même sans connaître en profondeur les personnages publics de cette époque, il faut au moins pouvoir mettre un visage sur leur nom pour apprécier – ou tout simplement être capable de suivre – l’intrigue de ce roman.
Mitterrand essaie de faire une grimage de dégoût, mais en fait ça ne change rien à son expression habituelle.
Laurent Binet maîtrise son sujet, son métier d’écrivain a beaucoup d’imagination et d’humour. La sémiologie dans le cadre d’une enquête donne un petit côté Sherlock Holmes très sympathique. Le livre alterne entre des faits historiques, des passages très drôles et d’autres carrément loufoques, le tout truffé de références. Donc très original, mais à réserver aux connaisseurs.
“Que ferais-tu si tu étais le maître du monde ?” Le gigolo avait répondu qu’il abolirait toutes les lois. Barthes avait dit “Même la grammaire ?”
Laurent Binet. La septième fonction du langage. Grasset, 2015.