Alyte signifie: “Qui ne peut être délié”. C’est un très beau nom.
Une belle fable écologique est la bienvenue par les temps qui courent et nous pouvons remercier Jérémie Moreau pour cela. On sait depuis Les Pizzlis que cette thématique lui tient à coeur – et il a bien raison car nous sommes tous concernés – et, armé de ses crayons, il apporte sa pierre à l’édifice pour faire bouger les consciences. Dans cette BD, on suit le parcours d’un crapaud (alyte) accoucheur – un digne représentant de la gent masculine puisqu’il a la particularité de porter les oeufs – confronté à la dure loi de la nature.
Cette nature est un immense système composé de multiples espèces animales et végétales qui interagissent de façon subtile entre elles pour perpétuer la vie en un cycle toujours renouvelé. Mais ce fragile équilibre est menacé par une maladie contagieuse qui zèbre les étendues sauvages de grande bandes grises mortelles.
Les dessins sont magnifiques et le découpage très bien pensé, c’est vraiment le point d’accroche qui pousse le lecteur à se plonger dans cette BD. Mais la vraie force de ce livre est de nous montrer la nature non pas depuis un regard d’homme qui pense aux conséquences de ses actes envers la nature – l’industrialisation pour faire simple – sur sa propre survie – sécheresse, montée des eaux, etc. –, mais depuis le point de vue de toutes les autres espèces avec qui – mêmes si certains ont une fâcheuse tendance à l’oublier – nous la partageons. En à peine deux siècles – ce qui ne représente qu’un instant dans l’histoire de notre planète – l’homme s’est accaparé égoïstement d’immenses ressources en oblitérant du même coup le futur de l’ensemble des êtres vivants. Jérémie Moreau s’offre même le plaisir d’une petite pique à Elon Musk. Espérons que les générations futures n’auront pas à coloniser Mars.
Je m’appelle Alyte. Et moi, Musk le bousier. Si t’es dans le besoin, je te garde une place au chaud sur ma planète.
Jérémie Moreau. Alyte. Editions 2024, 2024.