Dans Les nuits que l’on choisit, Élise Costa nous fait vivre son métier de chroniqueuse judiciaire, elle est spécialisée dans les faits-divers. Son métier consiste avant tout à suivre les procès et à en rendre compte dans des articles – qui intéresseront si possible de nombreux lecteurs. C’est une chose, mais c’est sans compter l’impact qu’ont ces affaires sur celle qui les suit. Elle prend en pleine figure le flot d’émotions qui se déverse lors des procès, celles des victimes et de leurs proches, mais aussi celles des accusés et des personnes qui les entourent. Puis parfois le doute s’insinue et si ce n’était pas elle ou lui le coupable ?

Les certitudes rendent fou, disait Nietzsche, et la plus importante récompense qu’offre ce métier, c’est le doute: je sais désormais que rien de l’existence n’est simple, et encore moins évident. Le doute est autant un calvaire qu’une bénédiction.

Comme les plus grands écrivains journalistes, elle parvient à mettre en perspective son sujet et sa façon de travailler avec sa vie, son ressenti et ses convictions. Dans un rythme effréné fait de phrases très brèves, elle entremêle les récits de plusieurs affaires marquantes qui ont jalonné son parcours. Le résultat est passionnant, touchant et pousse à la réflexion sur la nature humaine et sur la justice des hommes.

Les palais de justice, toutes ces colonnes et ces vieilles sculptures, toutes les épitoges et les grandes manches, les gros codes rouges en lettres d’or, tout ça ne doit pas nous faire oublier: la loi est ce que les hommes en font.

Avec ce livre, mais à sa façon, elle marche dans le sillon des plus grands – qu’elle mentionne d’ailleurs dans une bibliographie sélective en fin d’ouvrage –: Truman Capote (De sang-froid), Emmanuel Carrère (L’Adversaire) ou encore Janet Malcolm (Le Journaliste et l’Assassin).

Il n’y a pas de morale dans cette affaire, les morales dans les dossiers criminels, ça n’existe pas, pas plus que les saints ou les démons, les héros ou les monstres. Comme chaque fois, c’est une histoire de gens ordinaires.


Élise Costa. Les nuits que l’on choisit: Chroniques judiciaires en France. Marchialy, 2023.