L’Affaire Thomas Royer

Je ne lis pas habituellement ce type de romans. Je le dis sans prétention ni volonté de dénigrer le genre, c’est un fait et pourtant j’ai bien apprécié. La lecture est aisée, l’écriture est claire et efficace et on avance très rapidement dans la roman. Les ficelles sont un peu grosses, mais je dois reconnaître que ça marche – au moins sur moi. Voilà pour la forme, mais sur le fond, où l’auteur veut-il en venir ? ...

La décision

Certaines décisions sont lourdes de conséquences. À la fin de mon instruction, je dois déterminer si j’ai suffisamment de charges pour que ces individus soient jugés par d’autres. C’est une torture mentale : est-ce que je prends la bonne décision ? Et qu’est-ce qu’une bonne décision ? Bonne pour qui ? Le mis en examen ? La société ? Ma conscience ? Comme dans Les choses humaines, ce roman de Karine Tuil se déroule dans le milieu judiciaire – elle est juriste de formation. Cette fois c’est le grand sujet de la lutte contre le djihadisme qui est abordé en mettant en scène une juge antiterroriste. On y retrouve les éléments de la réalité que sont les différents attentats qui ont endeuillé la France et des éléments de fiction. L’autrice fait le parallèle entre le domaine professionnel et privé et souligne la porosité entre ces deux univers. ...

Les choses humaines

Je ne sais pas si le sous-genre existe, mais je parlerais volontiers pour ce livre de trib lit ou littérature de tribunaux. Les passages se déroulant dans un tribunal ne couvrent pas la totalité du livre, mais une bonne partie qui est plutôt convaincante, comme le reste du livre d’ailleurs. Karine Tuil s’est inspirée d’un fait divers qui a eu lieu à Stanford en 2016 pour embrasser d’une façon plus large la prise de conscience et de parole connue sous le nom de Me Too ou de l’explicite BalanceTonPorc en version française. Je trouve sa position en tant qu’auteur (ou autrice) parfaite. Elle dépeint une situation suffisamment ambiguë pour que le lecteur puisse non seulement se faire sa propre idée, mais aussi saisir la complexité de certaines affaires et cheminer sur l’étroite ligne de crête qu’il faut emprunter pour tenter de faire la lumière. ...