Le milieu dans lequel évolue Mrs Dalloway, le personnage central de ce récit, est celui de la bourgeoisie londonienne du XXème siècle. Cette femme vit une vie sans joie ni chagrin depuis qu’elle a laissé filé son amour de jeunesse, Peter, vers les Indes en choisissant un mariage de raison, aux antipodes de l’amour passionnel. Elle n’est pas proche de sa fille et, comme nous l’avons vu, ne partage quasiment rien avec son mari, voici ce qu’elle pense de ce dernier

C’était un très bon garçon; un peu limité; un peu obtus; oui, mais un très bon garçon. Quoi qu’il entreprît, il le faisait à sa manière raisonnable et terre à terre; sans une once d’imagination, sans une étincelle de brio, mais avec l’inexplicable bonne grâce des gens de son genre.

Dans ces conditions, le seul sel de sa vie se résume aux frivolités des mondanités et aux intrigues de salon. La construction de Mrs Dalloway est intéressante à plus d’un titre:

  • Le roman se déroule le temps d’une journée,
  • La narration passe d’un personnage à l’autre au grès des rencontres et des digressions du narrateur pour entrer dans l’esprit des personnages et nous raconter toujours plus de leur vie et de leur passé,
  • La journée tend vers un évènement durant lequel les personnages sont susceptibles de se rencontrer. La réception chez Mrs Dalloway. Cet évènement en perspective créé une attente chez le lecteur.

Hormis cet intérêt purement technique, je n’ai pas été séduit par ce livre. Virginia Woolf est réputée pour évoluer avec grâce dans le registre de la sensibilité pourtant j’ai trouvé qu’elle allait moins loin dans ce domaine que son contemporain Marcel Proust. Elle est moins convaincante même si l’on perçoit clairement, au delà de la mélancolie, la tristesse de cette Mrs Dalloway véritable et indéniable alter ego de la romancière.


Woolf Virginia, Mrs Dalloway, Gallimard, 1981, 358 p, Amazon.