Rocky, dernier rivage

Un rêve de survivaliste. Une maison isolée sur une île bénéficiant de tout le confort moderne du jacuzzi en passant par le home cinema alimenté par des pétaoctets de films, de musique et de livres électroniques sans oublier de la nourriture et de l’alcool en quantité suffisante pour tenir plusieurs années. Un privilège réservé aux ultra-riches comme Fred qui a pu se payer cette prestation incluant le transport sur place alors que l’humanité était à l’aube de l’extinction. Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu pour cette famille de réfugiés et pour le couple de domestiques qui les assiste. ...

Rousse

Comme si chaque trace qu’elle inscrivait sur terre si longtemps sienne, une fois effacée par jours et vent, plus rien n’allait rester d’elle dans sous-bois qu’elle aimait tant. Rousse ou Le vent dans les saules à l’heure de l’exode climatique et des réfugiés écologiques, une climate fiction à la J. G. Ballard, mais avec des personnages tirés d’un livre pour enfant – Ballard qui est d’ailleurs lui aussi édité chez Tristram. J’exagère un peu, dans ce livre, les animaux ne prennent pas le thé en discutant, mais vivent simplement leur vie d’animaux confrontée au danger climatique. ...

Swan Song T1

Je n’ai pas de chance avec les histoires post-apocalyptiques. Je suis toujours emballé au début – surtout avant de commencer la lecture –, puis je me lasse. Le même schéma s’est déjà produit avec des poids lourds du genre comme Metro 2033 ou Le Fléau. Pourtant, ce premier tome de Swan Song ne manque pas de qualités à commencer par le beau travail éditorial – comme toujours chez Monsieur Toussaint Louverture – reprenant pour cette série les codes du roman pulp – l’affreuse couverture est donc pleinement assumée. Ensuite on est dans l’apocalypse, la vraie, la troisième guerre mondiale comme on l’imaginait pendant la guerre froide – le roman a été publié en 1987 – à grands coups de missiles nucléaires. ...

La parade

Quatre est taiseux et appliqué, Neuf est bavard et désinvolte – ce sont bien des prénoms. On dirait l’opposition entre les européens du nord et du sud. Ils ont été sélectionnés pour accomplir une mission, construire une route qui doit relier le sud au nord d’un pays qui porte encore les stigmates d’un violent conflit armé, une guerre. Une fois construite, elle sera inaugurée en grande pompe par une parade. Les dates sont fixées, il ne faut pas prendre de retard, l’enjeu est trop important. Neuf va rapidement se révéler être peu digne de confiance et risque bien de mettre plus de bâtons dans les roues qu’il n’apportera d’aide à Quatre. ...

Ces guerres qui nous attendent 2030-2060

La Red Team défense est un groupe d’auteurs de science-fiction, dont font notamment partie Romain Lucazeau, Xavier Maumejean et Xavier Dorison, chargée d’élaborer des scénarios pour le ministère des armées. En gros, elle joue le rôle des méchants – nous utilisons la même terminologie pour désigner des équipes de hackers qui agissent au sein d’une entreprise. C’est de la prospective qui permet à l’armée de se préparer à réagir à de nouvelles menaces potentielles. Concrètement, la Red Team est chargée, avec le support d’autres équipes comme la Purple Team composée d’experts, d’élaborer des scénarios qui se situent dans le domaine du probable. Ces scénarios sont ensuite soumis à l’armée, qui joue le rôle de la Blue Team – les gentils –, afin qu’elle les étudie et les prenne éventuellement en compte dans son programme. Ce premier volume – aussi appelé première saison – contient quatre scénarios qui sont de la science-fiction débarrassée du romanesque, donc très sèche, une version hardcore de la hard SF. Ici pas de personnages, pas de petites histoires, uniquement les grands mouvements et les grands évènements. Dans son approche, cette initiative me fait penser au livre Dans les imaginaires du futur1 d’Ariel Kyrou, qui utilise la fiction comme laboratoire à idées afin de résoudre les problèmes actuels ou à venir. ...

Le Cercle

Le Cercle est un roman d’anticipation qui se déroule dans un futur très proche du notre. Le Cercle est une entreprise qui ressemble furieusement à Facebook – et un peu à Google aussi par certains côtés. Elle offre des services que tout le monde utilise et ne cesse d’innover pour en créer toujours de nouveaux et parvenir un jour à fermer le cercle – on dirait boucler la boucle – c’est-à-dire faire en sorte de détenir et de concentrer l’ensemble des informations pour devenir omniscient. Évidemment tout jeune ambitieux n’a qu’un désir, qu’un seul rêve, faire partie de l’aventure. C’est le cas de Maé qui va rejoindre la société par l’entremise – je sors un mot du 19ème siècle au milieu d’un commentaire sur un roman d’anticipation – d’une amie très proche déjà installée dans les hautes sphères de la direction. ...

Identification des schémas

D’après lui, l’Homo sapiens vit pour l’identification, la reconnaissance des schémas. C’est un don. C’est un piège. Identification des schémas est le premier livre composant la trilogie Blue Ant ou Bigend. Le niveau d’anticipation est bien moins grand que dans Neuromancien, on pourrait même dire que ce n’est tout simplement pas de la science-fiction puisque l’histoire se déroule dans une époque contemporaine. L’intrigue est très difficile à résumer même si l’on peut dire qu’elle tourne autour d’un mystérieux film qui est diffusé par fragments sur internet et qui passionne des groupes de fans qui se réunissent et discutent sur des forums spécialisés. Cet intérêt va croitre pour quitter les sphère des happy fews et des nerds et rejoindre celle du capitalisme. L’identité de ce (ou cette) mystérieux(se) cinéaste va devenir une question brulante. ...

Auprès de moi toujours

Récemment nobélisé et auteur de l’un des romans étrangers qui comptera dans la rentrée littéraire 2021, Klara et le Soleil1, l’auteur britannique d’origine japonaise Kazuo Ishiguro a le vent en poupe. C’est l’occasion de s’intéresser à sa production littéraire – il est également scénariste. Après avoir lu – il y a longtemps – Le géant enfoui qui était la revisite d’un mythe dans une veine fantasy poétique – oui ça existe –, j’ai choisi un roman qui, comme son dernier livre, appartient au genre anticipation. On pourrait même dire – en s’amusant un peu – qu’il s’agit d’un campus novel d’anticipation puisque une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’une institution où des “élèves” vivent et étudient – je ne vais pas en dire plus. ...

Rendez-vous avec Rama

J’avais lu ce livre il y a une vingtaine d’années et j’en avais conservé une bonne impression – à tel point que je me souviens des circonstances de ma lecture, je n’en dirai pas plus. Je ne sais pas pour quelle raison j’ai eu envie de le relire – dans les faits ça équivaut à une première lecture car je ne me souvenais quasiment pas de l’histoire. Peut-être est-ce dû au fait que j’ai évoqué Arthur C Clarke lors de ma lecture des livres de Liu Cixin. J’ai donc mis la main sur mon exemplaire J’ai lu SF – à l’illustration de couverture au goût douteux – et c’est parti. ...

Mars la rouge

Mars la rouge est le premier tome de la trilogie qu’a consacré Kim Stanley Robinson à la colonisation de la planète Mars. Soyons clair, il s’agit d’une référence dans le domaine et peut-être même une référence de la science-fiction tout court. Cette trilogie est en tout cas un pilier de la branche hard science du genre et c’est ce qui frappe en premier lorsque l’on lit ce livre. D’ailleurs, il ressemble plus à un documentaire qu’à un roman de science-fiction. Il me fait un peu penser à ces émissions mi-documentaire, mi-fiction qui passent sur Arte. Le romanesque est réduit à sa portion congrue, quelques personnages, quelques histoires entre eux, mais vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent. Non, l’intérêt du livre est ailleurs, dans la fabuleuse aventure humaine et technologique qu’il se propose de nous raconter. J’allais dire retracer, j’ai tendance à parler comme si ce qu’il nous raconte avait réellement eu lieu tant tout est réaliste, expliqué et argumenté – cette impression de réalité vient aussi peut-être tout simplement du fait que l’heure de cette colonisation se rapproche à grand pas tant les agences spatiales semblent s’y préparer. La capacité de Robinson à maîtriser l’ensemble de ce vaste sujet est impressionnante. Le plus fort est qu’il n’embrasse pas que le domaine scientifique pur, mais s’intéresse également, et entre autres, à la psychologie – j’adore la description des différentes personnalités avec les oppositions labile / stabile et introverti / extraverti –, à l’économie et à la politique. ...

Neuromancien

Je suis tombé à la bibliothèque sur une nouveauté – qui date tout de même de 1984 – Neuromancien de William Gibson. Il s’agit d’une nouveauté puisque la maison d’édition Au Diable Vauvert publie une nouvelle traduction, signée Laurent Queyssi, du roman mythique, fondateur du genre cyberpunk1 – rien que ça. Ce genre est passé du statut de très confidentiel à celui de grand public grâce à des oeuvres comme Ghost in the Shell ou la série des Matrix. Je n’avais pas lu la précédente traduction, mais je pense que, près de 40 ans après, certains concepts passés de la fiction à la réalité méritaient d’être renommés – je dis ça sans trop savoir, peut-être qu’il y a aussi une histoire de droits derrière tout ça. Bref, la couverture a attiré mon regard et je me suis dit que c’était le signe qu’il était temps de lire l’oeuvre fondatrice. ...

La Couleur tombée du ciel

Je n’avais jamais lu Howard Phillips Lovecraft pourtant je m’intéresse à cet auteur si particulier car il a inspiré un pan entier de cette branche de la science-fiction ou de la fantasy tournée vers l’horreur qu’il a certainement contribué à créer. Parmi une oeuvre foisonnante – je ne parle pas de sa correspondance qui est colossale –, j’ai pris conseil auprès de Michel Houellebecq qui lui a consacré un essai il y a une vingtaine d’années H.P. Lovecraft, Contre le monde, contre la vie et j’ai donc choisi l’un des deux recueils portant le nom d’une de ses nouvelles, La couleur tombée du ciel. Le reclus de Providence comme il est parfois surnommé – alors qu’il n’était pas reclus, mais souffrait plutôt d’un manque d’argent – utilise dans ses livres les deux piliers scientifiques et mythologiques – il a créé sa propre mythologie – pour instiller chez son lecteur un fort sentiment d’horreur – de la peur, du frisson, je ne sais pas trop comment le dire. L’effet recherché est mis en exergue par une certaine normalité du narrateur – le lecteur peut s’identifier aisément à lui et sa présence ancre le récit dans la réalité – et par une narration particulièrement travaillée. ...

Le Fléau

En cette période de pandémie comment ne pas succomber à la tentation de se plonger dans Le Fléau de Stephen King histoire d’oublier tout ça le temps de quelques 1500 pages au format poche et de se changer un peu les idées en compagnie d’un joyeux drille comme ce bon vieux Stephen ? Il avait imaginé ce scénario avant qu’il ne débarque au cours de cette fameuse année de 2019 qui lui a donné son nom. Étant un peu américanocentré, le virus ne s’est pas échappé d’un laboratoire de Wuhan – je rigole l’enquête immédiate et scrupuleuse de l’OMS, réalisée en étroite collaboration avec des autorités chinoises à la transparence irréprochable, vient d’écarter définitivement cette hypothèse farfelue née dans le cerveau malsain de complotistes – mais d’une base militaire ultra-secrète des États-Unis – ne vous inquiétez pas je ne suis pas en train de divulgâcher, cette information est révélée dès les premières pages du livre. Et ensuite on connaît la mécanique, mais il l’illustre très bien. ...

Boule de foudre

Après la claque reçue par la trilogie du problème à trois corps – ça fait beaucoup de trois – je ne pouvais pas passer à côté d’un nouvel opus de l’auteur chinois Liu Cixin. Sauf que je ne me suis rendu compte que plus tard qu’il ne s’agit pas d’un nouvel opus, mais plutôt d’une nouvelle traduction d’un roman antérieur à la trilogie. Ce n’est pas le problème, il est parfaitement légitime de donner accès au public français aux oeuvres antérieures d’un auteur qui a conquis son public – même si ce n’est pas toujours, volontairement ou pas, affiché clairement –, mais il faut s’attendre, comme c’est clairement le cas ici, à ce qu’elles ne soient pas de la même ampleur. ...

Dune

Dune, le grand oeuvre de Frank Herbert est certainement, avec Hypérion1 et Fondation, l’un des romans les plus connus de la science fiction. Comme il date de 1965, on peut le considérer comme un classique du genre. Et c’est peut-être la première chose qui frappe en lisant ce livre. Il n’a rien d’un classique, il n’est pas du tout daté dans sa forme et même étonnamment d’actualité sur le fond puisqu’il aborde des thèmes aussi contemporains que l’écologie, la géopolitique de l’accès aux ressources et les guerres, dont le djihad – ce sont aussi malheureusement des sujets qui ont tendance à rester d’actualité quelque soit l’époque. ...

Metro 2033

Ce livre est fondé sur une particularité du métro de Moscou. Premièrement il est monumental, certaines stations ressemblent à des palais recouverts de marbre, deuxièmement ce métro a été conçu et construit en partie pour être un abris anti-atomique. La construction de la partie profonde de la ligne “Arbatskaïa” est terminée au début de la Guerre froide. Les stations profondes devaient servir d’abris contre les bombardements en cas de guerre nucléaire. ...

The Expanse T1

Derrière le pseudonyme James S. A. Corey se cachent deux des assistants de George R. R. Martin qui ont travaillé sur la série de la décennie Game of Thrones (cf. l’article consacré au livre). C’est à la fois un gage de professionnalisme, on peut s’attendre à ce que ce soit bien fait, mais c’est aussi le risque de retrouver quelque chose de “formaté série”. Et c’est malheureusement un peu le constat. ...

Outresable

J’ai trouvé Outresable à la bibliothèque et je l’ai commencé aussitôt rentré à la maison. Comme je m’y attendais, c’est de la SF pour la plage et en plus il n’y a que du sable partout – désolé la blague est nulle, mais je n’ai même pas fait exprès. Dans les faits, je n’ai rien contre un bon roman de SF pas trop compliqué à lire pendant les vacances. En quelque sorte, l’équivalent d’un polar que l’on lit distraitement entre une baignade et une partie de raquettes. On n’a pas toujours envie de lutter pour comprendre, de lire dans l’angoisse de rater un élément crucial parce que l’on a été dérangé pendant la lecture d’une phrase par la famille d’à côté occupée à sortir des canettes géantes de leur glacière, transportée jusqu’au bord de l’eau par un diable sur lequel elle se trouve encore. ...

Le monde englouti

Ce roman du mythique écrivain anglais James Graham Ballard dont le nom est souvent abrégé en J. G. Ballard est l’un des romans du cycle des Quatre apocalypses. Tous écrits dans les années 60, ils imaginent l’humanité confrontée à plusieurs fléaux: montée des eaux, tempête, canicule et fossilisation. Dans celui dont il est question ici, la montée des eaux est une conséquence d’un sujet qui est plus que jamais d’actualité: le réchauffement climatique – même si ici il est lié a des explosions solaires et non à la décision de Donald Trump. Il s’en suit une montée des eaux et l’établissement d’un climat tropical dans nos contrées européennes, les anciens écosystèmes tropicaux étant devenus inhabitables poussant l’ensemble de la population à un exode permanent, toujours plus au nord. La planète est recouverte d’eau. Les villes sont totalement immergées et seuls les sommets de certains immeubles ou de certaines tours émergent. L’ensemble de la planète a donc effectuée une remontée dans le temps. Elle se retrouve dans un état qui ressemble un peu à la fin de la période paléozoïque dominée par les poissons, les fougères et les reptiles. Certains en ont assez de fuir et préféreraient opérer un retour vers la nature, mais l’homme en tant que mammifère terrestre est désormais particulièrement inadapté à son environnement. ...

Fondation

Fondation est un classique parmi les classiques de la science-fiction – je dirais qu’il figure aisément dans les dix livres les plus connus du genre. Je parle ici du premier tome du cycle, mais il existe des préludes et des suites ainsi que d’autres oeuvres d’Isaac Asimov qui se situent dans le même univers. Ce livre et ce cycle se démarquent de leurs semblables par une approche très scientifique (hard SF) et historique. Isaac Asimov a pour cela inventé une science qu’il a baptisé la psychohistoire. ...