Dans ce polar, celle qui joue le rôle de la détective est Erica Falck, une romancière suédoise – tient comme l’auteur. L’intrigue se déroule à un époque contemporaine dans un petit village suédois au nom imprononçable de Fjällbacka. Une jeune femme originaire du village est retrouvée morte dans sa baignoire dans une posture qui évoque le suicide, les poignets entaillés par une lame de rasoir. La porte de la maison est restée ouverte, l’eau a gelé – je vous rappelle que nous sommes en Suède – ce qui nous donne une belle référence au titre du livre. Notre détective en herbe – enfin elle a tout de même 35 ans – va se retrouver mêlée à cette histoire car elle était une amie d’enfance de la défunte. Elle va s’impliquer de plus en plus dans cette affaire pour suppléer la bande d’incompétents de la police – enfin tous sauf un – mais aussi et surtout car elle compte bien y trouver de la matière pour un futur livre, son premier roman.

Bon, par quoi commencer. Les personnages tout d’abord. Ils sont stéréotypés: des policiers qui ne verraient pas un éléphant dans un couloir, des riches qui sont méchants, l’héroïne avec ses réflexions à la Bridget Jones et enfin une personne que tout accable mais qui n’est peut-être pas coupable. Continuons par l’intrigue qui est quand même assez classique. Tout se joue entre les habitants de cette petite bourgade où les vieilles histoires que l’on croyait oubliées depuis longtemps refont surface. Enfin, la réalisation est à l’avenant. L’auteur a trop recourt à des artifices lui permettant de maintenir le suspense: l’un des personnages trouve un indice ou s’écrit “j’ai trouvé” mais le lecteur n’est informé de cette révélation que quelques paragraphes plus tard, ce qui est, vous en conviendrez, toujours un peu frustrant. Les méthodes d’enquête sont bien loin de celles des Experts, ici du crayon à papier sur la dernière feuille d’un bloc note permet de révéler le texte qui avait été inscrit sur la page arrachée. Les différents protagonistes, police ou particuliers, peuvent se rendre sur les lieux des crimes et farfouiller à leur guise sans difficulté ni précaution particulière. Pour couronner le tout, nous avons droit à la sempiternelle histoire d’amour et à son lot de bons sentiments dégoulinants ainsi qu’à beaucoup de bavardage inutile.

J’ai été un peu dur en ne soulignant que les points faibles de ce polar qui reste tout de même assez agréable à lire – j’ai passé un bon moment. Le style simple et enjoué associé à une histoire tout de même assez bien ficelée confère un intérêt raisonnable à ce roman. Les habitués du polar y verront du réchauffé mais il reste néanmoins une bonne lecture pour les vacances dans laquelle vous ne risquerez pas de vous perdre suite à une partie de raquette ou à une étalage de crème solaire inopiné.


Camilla Läckberg, La Princesse des glaces, Actes Sud, 2008, 381 p, Amazon.