L’été de cristal est le premier volet d’un triptyque, connu sous le nom de La trilogie berlinoise, qui a pour protagoniste principal un détective privé dénommé Bernhard Gunther. Pour l’instant ça ne fait pas rêver, on se croirait presque dans un épisode de Derick mais attendez la suite. La particularité réside dans le contexte servant de cadre à ces histoires. Elles se déroulent en Allemagne pendant le IIIme Reich. L’été de cristal / la nuit de cristal, le parallèle est plutôt facile voire un peu grossier. Ce manque de finesse n’est pas imputable à l’auteur mais à un choix éditorial un peu trop marketing – chacun ses goûts – puisque le titre du livre était à l’origine Les violettes de mars. Ce titre qui ne vous dit peut-être rien – c’était mon cas – est tiré d’un terme désignant les adhérents tardifs au parti Nazi. C’est à dire ceux qui se sont ralliés à la cause des plus forts une fois qu’ils ont été au pouvoir.

Vous conviendrez qu’exercer la profession de détective privé à cette époque relève de la performance d’équilibriste. Pour être capable d’enquêter et de mettre son nez dans des affaires louches en se faufilant entre les différents appareils répressifs du régime sans passer par la case camps, il faut la jouer fine et, dans ce registre, il faut reconnaître que notre homme est plutôt habile. Il se voit confier par un riche industriel, Hermann Six, la tâche de retrouver un collier de diamants d’une très grande valeur. Malheureusement pour lui et comme souvent, il va vite s’avérer que cette simple affaire de vol a des connexions avec une affaire touchant aux plus hautes sphères du pouvoir personnifié par le premier ministre lui-même, le terrible Goering.

La multiplicité des formes du roman policier m’étonne toujours. Ils peuvent se dérouler dans des cadres très variés et originaux et avoir un véritable fond historique comme c’est le cas ici. Il faut dire que la violence ne date pas d’hier et n’a pas de frontière, c’est à minima une constante internationale et intemporelle. Le positionnement de ce livre dans l’univers du IIIme Reich est vraiment un gros plus mais n’allez pas croire que tout repose là dessus. L’histoire est très prenante et évolue de manière linéaire sans véritable temps mort. Elle est assez complexe pour tenir les lecteurs les plus exigeants en haleine. Il faut également souligner la personnalité attachante de Bernhard Gunther qui possède un humour sarcastique très développé et un culot incroyable. De plus, son aversion pour les Nazis fait du bien. C’est une lecture que je conseille vivement en particulier si vous êtes intéressés par cette période noire de l’histoire.

Les éditions Le Livre de Poche ont rassemblé ce livre et les deux suivants dans le recueil La trilogie berlinoise1.


Philip Kerr, L’été de cristal, Editions du Masque, 1993, 317 p, Amazon.


  1. Philip Kerr, La trilogie berlinoise, Le Livre de Poche, 2010, 1024 p, Amazon↩︎