Nous sommes en présence de la publication du journal intime de Logan Mountstuart. Comment, ce nom ne vous dit rien, vous ne connaissez pas ce célèbre écrivain ? En cherchant un peu mieux, vous commencez à deviner le subterfuge, il est écrit Roman sur la couverture … Si vous n’avez jamais entendu parler de ce Logan Mountstuart, c’est donc normal car il n’existe pas et n’a jamais existé. Il est né dans l’esprit de l’écrivain britannique bien réel William Boyd. Ce dernier a décidé de réaliser un exercice de style particulier: écrire un journal intime à la place d’un autre. Ce n’est déjà pas facile mais il s’est lancé un défit supplémentaire en en se mettant dans la peau d’un homme vivant au début du XXe siècle. Si ce positionnement temporel n’a pas été choisi par hasard, le destin et la profession de ce personnage ne l’ont pas été non plus. Positionner son personnage au début d’un siècle aussi mouvementé va permettre à l’auteur de confronter son personnage à de nombreux choix et difficultés dans le but de mieux l’évaluer et d’explorer toutes ses facettes à la lumière de ces différents éclairages. Faire de lui un écrivain est le moyen d’explorer le processus complexe de ce métier si particulier qui a la plupart du temps des répercussions importantes sur la vie.

Au final que vaut cet exercice ? Tout d’abord on peut dire sans conteste qu’il est bien réalisé même si on ne peut raisonnablement pas croire qu’il s’agisse d’un vrai journal. En étant un peu observateur on s’apercevra même que l’auteur ménage son lecteur en lui permettant de suivre le fil de ce journal sans difficulté. Ce qui serait bien moins le cas pour un vrai journal. Il est tout de même agréable de suivre les aventures de ce personnage dans les habits duquel tout un chacun pourrait se glisser. Je veux dire par là que le personnage en question n’est pas quelqu’un d’extrême et d’incompréhensible et ses réactions face aux différents événements de la vie pourraient être celles du lecteur. Cette technique me fait penser à celle parfois utilisée en BD qui consiste à créer un personnage lisse et au physique passe-partout (Tintin par exemple) afin que le plus grand nombre puisse s’identifier à lui.

Malgré ces bons côté et la qualité indéniable de ce roman, ma curiosité s’est assez vite émoussée à tel point que j’ai laissé tomber la lecture au bout d’environ 200 pages – le livre est assez long et je ne me voyais pas aller au bout sans piquer du nez de nombreuses fois. Attention il s’agit d’un jugement personnel car je ne doute pas un instant de l’intérêt que peut revêtir ce livre pour d’autres lecteurs et les nombreux commentaires enthousiastes que l’on peut trouver sur Internet sont là pour en témoigner.


William Boyd, A livre ouvert, traduit par Christiane Besse, Seuil, coll. « Points », 2002, 608 p, Amazon.