Le 84, Charing Cross Road est l’adresse d’une librairie de Londres à laquelle s’adresse Helene Hanff pour obtenir ce qu’elle a de plus cher, des livres. Elle est américaine vit ou survit de sa plume en écrivant des pièces de théâtre, mais surtout des scénarios pour la télévision. Ne trouvant pas – à prix abordable – les livres qu’elle recherche près de chez elle, à New York, elle s’adresse à cette librairie se trouvant de l’autre côté de l’Atlantique. A l’époque d’Amazon ce commerce longue distance paraît à la fois complètement fou et finalement très actuel.

Cette correspondance vaut pour le ton décomplexé et piquant de l’américaine qui contraste avec la rigidité et le formalisme des libraires anglais. Des liens vont peu à peu se nouer, leurs relations et le ton de leurs lettres vont évoluer.

J’ai été séduit par deux choses. D’abord, l’humour et le ton d’Helene Hanff sont intemporels et fonctionnent toujours après ces années. Ensuite, c’est l’histoire de la publication de cet ouvrage, présentée dans la postface, qui a retenu mon attention. Après tant d’années de galère à écrire elle accède finalement à la reconnaissance non directement par son travail, mais via une banale correspondance professionnelle. Elle en est la première étonnée, seul son éditeur avait flairé le bon coup.

“Nous publions 84, Charing Cross Road.” Elle lui demande surprise : “Mais sous quelle forme ?”
– Sous forme de livre, pourquoi ! réplique-t-il.
– Vous êtes fou ! s’exclame-t-elle.


Helene Hanff, 84, Charing Cross Road, traduit par Thomas Simonnet, Livre de Poche, 2000, 156 p, Amazon.