Pendant ce temps

Des nouveaux voisins viennent d’emménager et, à peine arrivés, le père de famille a disparu. Étrange dans ce quartier de banlieue plutôt tranquille. D’une certaine manière, l’endroit où ils ont emménagé est super déprimant. Tout est moche et chiant. J’ai l’impression qui si j’habitais là, je me suiciderais sûrement aussi. Une bonne surprise venue de Suède. Une histoire autour de deux familles qui semblent illustrer l’ensemble des familles dysfonctionnelles de notre monde moderne. Tous les symptômes et les pathologies semblent être rassemblés. C’est du nihilisme en BD, un contraste entre des dessins au style naïf et un propos sombre qui fonctionne plutôt bien. ...

2 févr. 2025 ·  BD

La septième fonction du langage

Celui qui aurait la connaissance et la maîtrise d’une telle fonction serait virtuellement le maître du monde. Sa puissance n’aurait aucune limite. Quelle idée étrange que de nouer une intrigue digne d’un roman d’espionnage autour de l’accident ayant entrainé la mort du sémiologue le plus célèbre des années 60, Roland Barthes. C’est malin, mais très élitiste, un entre-soi dans le milieu intellectuel de la French theory. Même sans connaître en profondeur les personnages publics de cette époque, il faut au moins pouvoir mettre un visage sur leur nom pour apprécier – ou tout simplement être capable de suivre – l’intrigue de ce roman. ...

Ernestine

Un peu – ou beaucoup – de mauvais esprit ça fait du bien de temps en temps. Ernestine a 9 ans et est la benjamine d’une famille qui vit dans une belle maison. Son père est un artiste raté – ou juste feignant –, son frère n’est pas très dégourdi – il a peut-être été exposé aux écrans avant l’âge de 3 ans – et sa mère – névrosée flirtant gentiment avec l’alcoolisme – se démène pour maintenir sa petite famille à flot. ...

7 janv. 2025 ·  BD

Cabane

Les romanciers s’emparent volontiers des sujets qui font l’actualité. L’écologie en est un dont on ne parle certainement pas assez. Après Humus de Gaspard Koenig qui s’intéressait à l’agronomie, Abel Quentin revient à l’origine, à ceux qui très tôt avaient prévu la catastrophe, les lointains ancêtres des membres du GIEC. Il était effarant de lire un livre vieux de cinquante ans qui disait tout. Tout figure en effet dans le rapport Meadows1. En s’appuyant sur la théorie des systèmes et à l’aide de moyens informatiques rudimentaires, quatre scientifiques, tels des cassandres, avaient prévu la crise. Mais publier et avertir n’a pas suffi à arrêter une machine qui s’était déjà emballée, il n’y a qu’à voir le mal qu’on les États à infléchir ne serait-ce qu’un tout petit peu la route qui mène tout droit vers la catastrophe lors des COP climat. ...

Le jeu de la dame

Dans notre monde abreuvé de contenus vidéos, il existe encore des personnes – certainement des masochistes, dont je fais partie – qui préfèrent la lecture au visionnage d’une adaptation en série télé – si réussie soit-elle. Et c’est une bonne nouvelle car, si j’en crois le nombre d’avis sur le livre, le groupe des lecteurs est important – ils faut aussi comptabiliser celles et ceux qui se sont intéressés au livre après avoir vu la série. Ce n’est pas forcément un mauvais calcul car le temps investi est sensiblement le même (autour de 7 h) et le bilan écologique – pour peu que l’on ait acheté le livre d’occasion ou qu’on l’ait emprunté à la bibliothèque – penche largement en faveur du livre. Non, le seul bémol réside dans la difficulté à visualiser une partie d’échec à partir d’une description textuelle (sans représentation de l’échiquier) – mais si comme moi vous n’êtes pas un spécialiste ça ne changera pas grand chose et les spécialistes du jeu ne s’intéressent pas à ce type de lecture. Car il s’agit d’échecs, dommage à ce propos que le titre original n’ait pas été conservé The Queen’s Gambit – ou correctement traduit par le gambit de la reine – car il désigne une ouverture aux échecs et a donc revêt une signification différente. ...

Testosterror

Bienvenue à Beauf Land. Tous les attributs du mâle alpha de ce début du XXIème siècle sont là. La bagnole, le barbecue, la salle de sport, les magasins de sport, sans oublier évidemment le sacro-saint apéro – le barbecue restant le dernier bastion de la masculinité. Mais, oh malheur, une épidémie aussi contagieuse que le COVID s’attaque aux attributs viril de ces messieurs, une variante des oreillons qui entraîne un éléphantiasis des parties intimes. ...

9 nov. 2024 ·  BD

Mafalda, mon héroïne

Une BD pour célébrer les 60 ans de Mafalda (première publication en 1964), quelle bonne idée. Je ne connais pas bien le personnage – elle m’évoque surtout les cours d’espagnol au collège –, c’est donc l’occasion de (re)découvrir son univers. Cet hommage est exclusivement rendu par des femmes et ce n’est pas un hasard puisque à l’époque de Quino, son papa, les héroïnes n’étaient pas légion et les autrices encore moins. ...

10 oct. 2024 ·  BD

Shiki

Rosalie Stroesser n’est pas la première à raconter en BD son expérience au Japon, je pense par exemple à Manabé Shima – beaucoup plus riant et léger – ou aux Cahiers japonais – beaucoup plus techniques. Mais ce récit se distingue par un sentiment contrasté qu’elle exprime elle-même très bien dès le début du livre. Comment évoquer cette relation particulière, toute en contradictions, que j’ai développée avec le Japon ? Ce mélange d’attirance et de rejet, cette fascination mêlée d’incompréhension. Et cette constante envie d’y retourner. ...

6 oct. 2024 ·  BD

La Fabrique du monstre

Ce livre sur la ville de Marseille s’articule en deux parties bien distinctes, mais reliées fermement dans un rapport cause / conséquence. La première est consacrée aux quartiers nord de la ville, à la misère et à la délinquance. La deuxième à la politique de la ville pendant l’ère Gaudin / Guérini qui a été catastrophique sur le plan de l’urbanisme et qui a contribué à détourner des fonds publics et / ou à blanchir de l’argent en collaboration avec le grand banditisme et les promoteurs immobiliers – je ne les mets pas dans le même sac. ...

L’Affaire Thomas Royer

Je ne lis pas habituellement ce type de romans. Je le dis sans prétention ni volonté de dénigrer le genre, c’est un fait et pourtant j’ai bien apprécié. La lecture est aisée, l’écriture est claire et efficace et on avance très rapidement dans la roman. Les ficelles sont un peu grosses, mais je dois reconnaître que ça marche – au moins sur moi. Voilà pour la forme, mais sur le fond, où l’auteur veut-il en venir ? ...

Le Mystère du monde quantique

Expliquer la physique quantique en bande dessinée, pourquoi pas ! Le défi est intéressant, mais difficile à relever tant le sujet est ardu, abstrait, intangible. Mais c’est justement dans ce domaine que la bande dessinée a une carte à jouer. On peut tout imaginer, tout représenter, ça ne coute pas plus cher et ce n’est pas forcément plus difficile à faire. Tout est à portée de crayon. Ici le partis-pris est d’expliquer cette branche de la physique au travers d’une histoire vécue par un personnage ingénu, une sorte de tintin ratatiné et assez énervant – ce n’est clairement pas le point fort du livre. Dans son périple, accompagné de son fidèle Milou, il va croiser les plus grands théoriciens du domaine: Einstein, Bohr et le fameux Schrödinger resté dans les mémoires grâce à son chat. L’expérience sera ici reprise avec, devinez qui, le chien ! Je ne vais pas dire que j’ai tout compris – ce serait bizarre –, mais les explications sont plutôt claires. Pour les plus motivés ou curieux une notice à la fin de l’ouvrage fournira des explications disons plus académiques. ...

3 sept. 2024 ·  BD

L’échiquier

Ce livre ressemble beaucoup à un précédent livre de l’auteur que j’ai beaucoup aimé, L’urgence et la patience. Cette ressemblance est manifestement assumée. J’ai l’impression, en m’immergeant dans ce livre, de retrouver mon élément naturel. L’urgence de l’écrire, la patience de la façonner, de le polir, de l’affiner, et, en temps voulu, de le reprendre depuis le début, sans cesse, à l’infini, de le retravailler, encore et encore. Il est aussi question de son métier, mais il est plus personnel, une sorte de plongée dans sa mémoire, comme on le fait au crépuscule de sa vie – je lui souhaite de vivre le plus longtemps possible. ...

Hiver 1812

J’ai déjà lu un livre consacré à la retraite de Russie de Napoléon et de sa grande armée, Il neigeait de Patrick Rambaud. Derrière se titre poétique emprunté à Victor Hugo se cache un récit à peine romancé de la grande débâcle. Dans le livre de Michel Bernard, on est plus proche du livre d’histoire, mais ma fascination pour cette épisode de l’histoire est restée intacte. Rien que d’imaginer des dizaines de milliers d’hommes venus de toute l’Europe de l’ouest marcher jusqu’à Moscou et prendre possession du Kremlin me paraît complètement fou. Suivre leur retraite désespérée poursuivis par les russes est encore plus incroyable. ...

Le Secret de Joe Gould

Joe Gould était ce que l’on appelle communément un marginal qui vivait au début du XXème siècle dans le quartier de Greenwich Village, connu pour être à cette époque le repère de tout ce que New York comptait d’artistes bohèmes. Jusqu’ici rien de vraiment étonnant, la plupart des quartiers ont leurs habitués que l’on croise régulièrement et qui peuplent les bars et les bureaux de tabac. Ce qui est plus rare en revanche, c’est que Joe Gould est issu d’une lignée de médecins et qu’il a, comme son géniteur, fait ses études à Harvard. Il dit avoir renoncé à toute activité pour se consacrer pleinement à l’oeuvre de sa vie, la rédaction d’un livre unique par son ampleur qu’il a intitulé Histoire orale de notre temps. Son ambition est de retranscrire des conversations et des réflexions qui disent selon lui plus de l’époque qu’un livre d’histoire. Lorsqu’il n’est pas occupé à boire un coup ou à récolter quelques subsides pour s’adonner à cette occupation, il consacre tout son temps à la rédaction de son livre sur des cahiers d’écolier qu’il garde jalousement dans sa sacoche en cuir qui ne le quitte jamais ou qu’il cache chez divers habitants du Village. ...

Histoire de Jérusalem

Vincent Lemire est certainement le plus grand spécialiste français de l’histoire de Jérusalem – il a dirigé le centre de recherche français à Jérusalem pendant 4 ans et a rédigé plusieurs livres consacrés à la ville saine avant celui-ci. Ayant dans ma pile à lire depuis un peu trop longtemps son Jérusalem: Histoire d’une ville-monde des origines à nos jours, j’ai vu la sortie de cette BD comme une opportunité de me plonger dans cette riche histoire de façon plus confortable, en me laissant guider par les personnages et en admirant l’architecture de la ville et ses nombreux lieux saints à différentes époques. ...

27 juin 2024 ·  BD

Aliène

Le livre ressemble au récit d’un rêve ou plutôt d’un cauchemar. Mais pas de n’importe quel cauchemar, celui dont on se réveille en sueur, avec une impression amère et tenace de réalité. Dans ce genre de cas, la rémanence de ce malaise est souvent assez longue et l’on peine à s’en remettre. Le début du livre est enthousiasmant, l’atmosphère est particulièrement prenante. On est tout de suite plongé dans un univers subtilement étrange. Le subtilement a son importance car il pique la curiosité, on ne voit pas les grosses ficelles et on n’a qu’une envie, celle de tourner les pages. Cet effet est atteint par la combinaison de l’histoire et de l’écriture alliant modernité et usage de mots de savants. On n’est pas dans l’horreur, mais on tourne autour. ...

Quand sort la recluse

Au bout du 11ème volume des aventures du commissaire Adamsberg on a compris la mécanique des romans de Fred Vargas. Ce sont des enquêtes très décousues qui suivent une logique que même le commissaire – le seul en capacité de comprendre – a du mal à suivre. Il se laisse guider par son instinct. Il y a toujours la vie de la brigade avec ses personnalités bigarrées. Et enfin un élément étrange, souvent tiré d’une ancienne légende – ici la recluse –, sert de fil rouge. ...

Swan Song T1

Je n’ai pas de chance avec les histoires post-apocalyptiques. Je suis toujours emballé au début – surtout avant de commencer la lecture –, puis je me lasse. Le même schéma s’est déjà produit avec des poids lourds du genre comme Metro 2033 ou Le Fléau. Pourtant, ce premier tome de Swan Song ne manque pas de qualités à commencer par le beau travail éditorial – comme toujours chez Monsieur Toussaint Louverture – reprenant pour cette série les codes du roman pulp – l’affreuse couverture est donc pleinement assumée. Ensuite on est dans l’apocalypse, la vraie, la troisième guerre mondiale comme on l’imaginait pendant la guerre froide – le roman a été publié en 1987 – à grands coups de missiles nucléaires. ...

Astra Nova

La science-fiction ne sert pas qu’à se projeter dans le futur pour explorer de nouveaux mondes ou rêver à des avancées technologiques qui pourraient changer le sort de l’humanité. Elle sert aussi, comme c’est le cas ici, à faire évoluer des personnages dans un contexte radicalement différent afin de mettre en exergue les relations humaines – comme l’impact sur celles-ci de vivre confinés dans un vaisseau pendant des mois ou des années. ...

23 mars 2024 ·  BD

Chainsaw Man

Je ne sais pas trop quoi dire à propos de ce manga. D’un côté il se laisse lire – avec un léger plaisir coupable –, de l’autre on est sur une énième déclinaison du chasseur de démons et des hybrides hommes-démons. L’action ne se situe pas, comme dans Demon Slayer, dans le passé, mais dans un futur proche qui frise le post-apocalyptique – je n’ai pas creusé le sujet. Alors on est toujours dans la surenchère de violence mais avec une vraie originalité. Le jeune héros orphelin – l’originalité n’est pas là puisque ce statut ou au moins l’absence de parents est celui de nombreux héros de shonen – ne va pas tarder – après seulement quelques pages – à fusionner avec son chien-démon-tronçonneuse pour se transformer en homme-tronçonneuse à la demande en actionnant simplement une tirette astucieusement disposée sur son torse. ...

19 févr. 2024 ·  BD