Extrêmement original et incroyablement émouvant voilà comment résumer ce livre en reprenant les termes préférés d’Oskar. Oskar est un petit garçon surdoué qui a perdu son père lors des attentats du 11 septembre. Ils entretenaient une relation très fusionnelle et très complice et son père lui manque bien sûr beaucoup. Un jour en cherchant dans ses affaires, il casse un vase et découvre une enveloppe au nom de Black contenant une clé. La recherche de la serrure correspondante va être une quête pour Oskar, son absolue priorité, une manière de prolonger la relation avec son père.

En parallèle de l’histoire d’Oskar, l’auteur nous invite à suivre celle de ses grands-parents, elle aussi marquée par la violence. Ce livre est original par son sujet mais l’est aussi et surtout par sa forme. L’auteur utilise des techniques de narration, de typographie et l’insertion d’images pour nous faire vivre cette expérience d’une autre manière. Cette façon d’aborder le récit n’est pas nouvelle et n’apporte pas énormément, mais a le mérite de proposer quelque chose de différent.

Il est difficile de faire parler un jeune garçon et en lisant ce livre j’ai beaucoup pensé au roman Le bizarre incident du chien pendant la nuit1 que j’avais lu il y a quelques années – si je me souviens bien l’auteur utilisait lui aussi des images. Il y a des aspects très similaires entre ces deux livres qui mettent en scène des jeunes garçons intelligents originaux et émouvants – on peut aussi citer L’attrape-coeurs. Les parties dans lesquelles Oskar est le narrateur sont d’ailleurs – de loin – mes préférées. J’ai trouvé l’histoire des grands-parents bien moins convaincante et bien plus pénible à suivre même si elle véhicule des messages intéressants.

Je ne suis donc pas client d’absolument tout ce qu’il y a dans ce livre. Je trouve que Jonathan Safran Foer en fait parfois beaucoup et l’on a un peu de mal à y croire. C’est loin d’être anodin car le côté émouvant, et indéniablement présent dans cette ouvrage, en prend un coup. Sans l’astucieux suspense lié à la recherche de la clé qui a retenu mon attention, j’aurais peut-être même lâché ce livre avant la fin. Un roman tout de même touchant qui, pour reprendre les formules préférées d’Oskar, peut par moment vous “coller des semelles de plomb” mais “vaut quand même mille dollars”.


Jonathan Safran Foer, Extrêmement fort et incroyablement près, Points, 2007, 460 p, Amazon.


  1. Mark Haddon, Le bizarre incident du chien pendant la nuit, traduit par Odile Demange, Pocket, 2005, 345 p, Amazon↩︎