Depuis ma redécouverte du Hobbit – grâce à un hors-série du Magazine littéraire –, je tourne autour du Seigneur des anneaux. L’écoute d’émissions de radio consacrées à l’auteur (le très bon Une vie une oeuvre notamment) ont fini de me convaincre. Le temps est venu. J’ai mis la main sur mon vieil exemplaire publié en 1988 dans la collection “Folio Junior” et c’est parti. Je l’adore, il m’a suivi un peu partout. Enfant j’avais lu Bilbo le Hobbit et avais souhaité poursuivre l’aventure. J’avais tout simplement calé. J’étais péniblement parvenu à sortir de la Comté, les préparatifs de l’anniversaire de Bilbo avaient eu raison de mes forces.

Depuis j’ai gardé ce livre avec moi sans avoir la suite, les autres volumes de la collection. Je l’aime tellement avec ses illustrations que je me suis mis en tête de trouver les cinq tomes manquants. Ce n’est pas une erreur de ma part, l’éditeur avait décidé de séparer chacun des trois livres en deux tomes ce qui – avec quelques notions d’arithmétique basiques – nous donne six. Et j’ai trouvé ces anciennes éditions que j’aimais tant enfant chez AbeBooks – l’un de mes livres préférés est d’ailleurs Voyage au centre de la Terre1 dans la même collection. Certains vont crier à l’hérésie puisque l’oeuvre pensée par Tolkien n’est qu’un seul livre – même s’il avait été publié en trois volumes pour cause de prix du papier trop élevé en période d’après-guerre. Mais on ne badine pas avec la nostalgie. Pourtant, je suis bien forcé d’arrêter de vous parler de ces vielles histoires qui n’intéressent personne pour revenir au livre. Enfin un dernier mot quand même pour signaler qu’il est donc évidemment question ici de la traduction originale réalisée par Francis Ledoux traducteur entre autres de Charles Dickens et non de celle entreprise récemment par les éditions Christian Bourgois.

Pour lire ce livre, il faut prendre le temps, profiter de l’ambiance – exercice plutôt compliqué lorsque l’on est un enfant qui regarde aussi des dessins animés et joue à des jeux vidéos. Apprécier la lenteur, elle est devenue une rareté dans notre monde où tout va vite, trop vite. On ne prend plus le temps de lire, il faut que tout soit abrégé, résumé, on parcours, on survole, on veut savoir la fin, on ne s’attarde pas et finalement on passe à côté de l’essentiel. Souvent je me fiche de savoir la fin d’un livre, c’est le début qui m’intéresse, la découverte.

Car Tolkien – contrairement à d’autres auteurs de fantasy – mérite largement que l’on prenne le temps de lire chaque phrase. S’intéresser à la genèse de ce livre force le respect et même l’admiration. Il a tout calculé – même les phases de la lune – rien n’est laissé au hasard, tout est travaillé. Donc profitons de ce lent démarrage dans les paisibles terres de la Comté. Gouttons le bonheur de retrouver une bonne vielle narration linéaire: un seul point de vue, une seule temporalité. Quelle quiétude ! D’ailleurs en le relisant maintenant, j’ai trouvé le livre beaucoup moins long et moins difficile à lire – encore heureux, j’ai un peu progressé depuis mes 12 ans.

J’ai passé d’agréables moments en compagnie de ces paisibles hobbits forcés de sortir de leur zone de confort – comme je les comprends, je ne suis pas un grand fan d’aventures. Le passage dans la ville souterraine de la Moria est sublime. Ce lieu fait froid dans le dos et les vestiges du passé laissent imaginer ce qu’elle fut à son apogée lorsqu’elle était peuplée par les nains. Je profite du découpage du livre pour faire une petite pause avant de reprendre la route.


J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux: La Communauté de l’Anneau, illustrations de Philippe Munch, traduit par F. Ledoux, Gallimard, coll. “Folio Junior”, 2007, 728 p, Amazon.


  1. Jules Verne , Voyage au centre de la terre, Gallimard, coll. “Folio Junior”, 1985, Amazon↩︎