Guy Delisle enchaîne les destinations originales, cette fois c’est Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord – en même temps c’est tout l’intérêt de ses ouvrages, un reportage à Clermont-Ferrand n’aurait certainement pas le même attrait – ce qui n’enlève rien au charme de Clermont-Ferrand évidemment. Ce qui est le plus surprenant donc c’est ce pays, la Corée du Nord. Pour la faire court, ça ne donne pas envie et ça fait même froid dans le dos, même si on ne voit pas grand chose dans le livre – quand il s’agit de la Corée du Nord l’opacité n’est pas une surprise. Il illustre au moins le fait que l’on ne peut rien voir – au propre comme au figuré car le pays rationne l’électricité. Tout est mis en scène – difficile de le dire autrement – par les autorités.

Il est important de dire que ce récit n’est pas la conséquence d’un voyage d’agrément, mais celui de deux mois de travail. Que peut bien aller faire un québécois en Corée du Nord ? De l’animation (des dessins animés) ! Il s’avère que les studios de télévisions sous-traitent – ou sous-traitaient – une partie de leur production en Corée du Nord, pays qui doit être encore plus low cost que la Chine ou le Vietnam. Comme quoi le business n’a pas de frontière – et pas de scrupules. Dans ce pays qui est l’un des plus secrets au monde, où aucun journaliste ne peut pénétrer sans être encadré de près par plusieurs personnes, où la population semble être opprimée – je dis semble car je n’en sais rien – on trouve le moyen de faire du business pour tirer les prix vers le bas.

L’avantage avec des week-ends comme ça, c’est qu’on est pas mécontent le lundi matin, d’aller bosser.

Sur la forme rien révolutionnaire – c’est le mot – par rapport à Shenzhen. En lisant ce livre qui date de 2003 on prend encore plus conscience du grotesque de la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un. Enfin, si vous cherchez une destination encore plus originale en bande dessinée, jetez donc un oeil à Un printemps à Tchernobyl.


Guy Delisle, Pyong Yang, L’Association, 2002, 152 p, Amazon.