J’ai clairement lu Soeur par curiosité pour le travail d’Abel Quentin après la lecture enthousiasmante de son dernier livre Le Voyant d’ÉtampesSoeur est son premier livre. C’est l’histoire d’une radicalisation – c’est le terme communément utilisé, à tord ou à raison, pour décrire le phénomène qui consiste à rejoindre le djihad – née d’une frustration. Une frustration qui ressemble à une méga crise d’adolescence.

Ils veulent qu’on leur foute la paix, ils ne demandent qu’à tracer leur route de consommateur-jouisseur, version moderne du chasseur-cueilleur.

Comme l’évoque le titre, c’est une jeune fille qui est au centre de l’intrigue puisque ce phénomène touche aussi les femmes. Je ne sais pas ce que vaut cette histoire sur le plan de la réalité. Elle est probablement caricaturale comme le sont tous les romans, mais elle a le mérite de braquer une certaine lumière – même crue ou déformante – sur ce problème. Non, il ne se résume ou ne se réduit certainement pas à la récupération de jeunes frustrés et paumés en conflit profond avec le système. Mais ce cas de figure, quelque soit sa proportion, doit exister. Abel Quentin peut tout de même bénéficier d’une certaine crédibilité puisqu’il est, sous son vrai nom Albéric de Gayardon, avocat de la défense dans le procès des attentats du 13 novembre, et donc en contact avec ce milieu.

Une chose est sûre, ce n’est pas la même subtilité, le même léger décalage que dans Le Voyant d’Étampes, ici tout est beaucoup plus manichéen. Cette évolution montre les progrès réalisés par le jeune écrivain et semble prometteuse pour la suite.


Quentin, Abel. Soeur. L’Observatoire, 2019.