Le SAC, c’était cette zone grise de la Ve république dont on aime pas vraiment se souvenir.

Le Service d’Action Civique (SAC) a été créé dans les années soixante pour servir les intérêts du général de Gaulle. Le journaliste Benoît Collombat et le dessinateur Etienne Davodeau rouvrent les vieux dossiers et vont à la rencontre des différents protagonistes pour tenter de faire la lumière sur les activités de cette organisation qui semble avoir franchi plus d’une fois la ligne rouge.

Alors évidemment que c’est intéressant, évidemment que toucher à la sacro-sainte figure du général est une transgression assez rare, mais je dois dire que je n’ai pas été emballé par cette BD. Je me suis demandé pour quelle(s) raison(s) je n’ai pas réussi à apprécier cet ouvrage à sa juste valeur.

Tout d’abord le contexte. Je ne connais pas assez bien le contexte et je trouve que les auteurs auraient pu un peu mieux introduire les différents sujets. Benoît Collombat baigne dans ces sujets, il en est même spécialiste, et les deux auteurs étant plus contemporains que moi de cette période n’ont peut-être pas vu l’intérêt de présenter une situation de départ qui leur était familière et forcément connu de tous.

Ensuite la narration. Je trouve qu’il a trop d’interviews racontés littéralement. Les deux hommes retracent de façon linéaire leur cheminement pour écrire cette BD et c’est un peu lassant à la longue de lire des pages dépeignant des discussions se déroulant assis autour de la table de la cuisine d’un vénérable retraité. Le seul dessin qui sort un peu de l’ordinaire et qui est d’ailleurs percutant est la couverture représentant le général éclaboussé du sang des victimes du SAC.

Enfin si je respecte énormément le travail de Davodeau, je n’ai jamais été un grand fan de ses dessins et notamment ceux qui représentent des personnages – pas de chance ici. Selon moi, ils ne permettent pas de dynamiser le récit. On aurait pu imaginer des illustrations pour expliciter certains points, résumer, souligner, mais il n’y a rien de tout cela. Le dessin se contente de retranscrire les propos comme l’aurait fait une caméra lors d’un reportage.

La frustration est grande car je n’avais pas les bases – je n’avais jamais entendu parler du SAC avant de lire ce livre – pour pleinement apprécier cette BD. Dommage.


Collombat, Benoît & Davodeau Étienne. Cher pays de notre enfance: Enquête sur les années de plomb de la Vᵉ République. Futuropolis, 2015.