Constance Debré est la fille de François Debré et la petite fille de Michel. Pour le dire vite, elle fait partie d’une des plus illustres familles de notre république pleine à craquer de femmes et d’hommes ayant exercé les métiers les plus prestigieux. Constance s’est lancée dans le sillage de sa famille. Après de brillantes études, elle devient avocate, se marie et donne naissance à un fils. Mais cette façade s’est vite craquelée pour révéler sa vraie personnalité, aimer les filles et détester les vies bien rangées. Pour que ce changement soit bien clair aux yeux de tous, elle se rase la tête, se fait faire des tatouages et devient finalement celle qu’elle a toujours été. Ces éléments biographiques ne sont pas accessoires puisqu’ils constituent la trame narrative de ce livre et d’autres livres de l’autrice. S’il est écrit “roman” sur la couverture, ce Play boy ressemble furieusement à un fragment de biographie.

Avec des phrases courtes, percutantes comme des coups de poings – ou des coups de tête – elle est l’héritière – revendiqué je crois – de la littérature gay des années 90 dont les chefs de file étaient Guillaume Dustan et Hervé Guibert. On pourrait aussi y voir une littérature punk, proche de ce que pourrait écrire Virginie Despentes, mais dans un style bien plus sec. Elle défonce tout sur son passage à commencer par son père et même son grand-père, celui qui est connu pour avoir rédigé la Constitution de la Ve République.

Chère famille paternelle un peu cul serré que j’aime bien aussi parce que j’insiste, ils sont souvent très sympas aussi, mais lui, le grand homme et le tout le tsoin tsoin qui m’avait bien fait rire quand je l’avais vu un jour dans son bain, tout con, avec sa bite de ministre qui flottait dans l’eau tiède […]

La seule chose qu’elle ne renie pas est son nom – elle aurait plutôt tendance à l’afficher comme le symbole ultime de la transgression –, elle a d’ailleurs écrit un livre à ce sujet, Nom.


Debré, Constance. Play Boy. Stock, 2018.