Encore une BD plus qu’autobiographique, autocentrée. C’est vrai que l’on pense en ouvrant cette BD à d’autres récits consacrés aux troubles psychologiques comme le récit de sa bipolarité que fit Ellen Forney dans Une case en moins, mais aussi au Nao de Brown pour la finesse des dessins et la fragilité du personnage. Alors quoi de neuf ici ?

Un récit de dépression dont souffre l’autrice depuis l’enfance et des efforts faits pour vivre avec.

Même une journée aussi radieuse que celle-ci je n’arrive pas à envisager un avenir où je ne me suicide pas.

C’est malheureusement quelque chose d’assez commun – je n’ai rien lu de plus poignant sur le sujet que Face aux ténèbres de William Styron. Ce qui l’est moins en revanche, c’est la représentation que Zoe Thorogood fait d’elle-même, ses diverses incarnations s’adaptent à son état d’esprit, les personnes qu’elle rencontre sont représentées sous des traits d’animaux – je pense que c’est ce qu’elle nomme “illusion anthropomorphique”, mais surtout sa dépression qu’elle dépeint sous les traits du monstre nommé ironiquement Happy. Si l’histoire n’a rien de très original, la façon dont elle est racontée, et notamment son inventivité sur le plan graphique, vaut à elle seule largement le détour.


Zoe Thorogood. It’s Lonely at the Centre of the Earth. Traduit par Maxime le Dain, HiComics, 2024.