J’ai l’habitude d’être plutôt enthousiaste – ou au moins positif – lorsque je rends compte de mes impressions sur un livre. Mais là, je n’exagère pas en disant que je n’ai pas lu – en une vingtaine d’années – des dizaines de BD de cette qualité – je la mettrais par exemple au même rang qu’Asterios Polyp. Au moins sur le plan graphique c’est indéniable. Souvent la couverture d’une BD donne à voir le meilleur du dessins – l’équivalent de la bande annonce pour un film –, c’est souvent elle qui est à l’origine de l’acte d’achat. Mais ici, paradoxalement, elle n’est pas à la hauteur du reste de l’ouvrage. Les dessins sont magnifiques, d’une élégance rare et délicatement mis en couleur à l’aquarelle. C’est un régal de la première à la dernière page. Le dessin de Glyn Dillon, d’une sensibilité extrême, fait écho à l’histoire qui est elle aussi très raffinée. Celle d’une jeune femme, Nao Brown, qui est à moitié japonaise et à moitié anglaise. Elle souffre de TOC qui rendent sa vie difficile. Cette BD nous fait partager son quotidien. On découvre ses passions, ses amis, sa recherche de l’amour et d’une vie sereine. Il y a aussi un récit enchâssé, lui aussi magnifiquement illustré.

Dans l’ensemble la symbolique est omniprésente, la couleur rouge évidemment qui est toujours présente comme un gimmick mais aussi le cercle de la calligraphie japonaise, symbole basique qui se nomme ensō, et qui peut paradoxalement revêtir plusieurs significations – on pourrait aussi voir dans la combinaison des deux, le soleil levant du drapeau japonais.

La BD est à l’image du ensō, certains y verront un cercle élégant mais vide, d’autres y verront beaucoup plus que ça, tout un univers, un échantillon de ce qui fait la vie.

P.-S.: Un petit coucou à ma fille pour son anniversaire. J’espère que tu continueras à lire des BD et que tu partageras plus tard mon enthousiasme pour ce titre.


Glyn Dillon. Le Nao de Brown. Akileos, 2012.