J’adore ces récits d’aventure de l’époque où il restait encore des terres vierges à explorer, ils sont comme des romans, mais en mieux. Dans ce domaine, l’Antarctique (le pôle Sud) était – et est toujours un peu – le Graal, difficile d’imaginer milieu plus inhospitalier pour les humains. Pour trouver pire, il faut quitter la Terre et se rendre sur d’autres planètes – j’y reviendrai.
En lisant ce livre, comment ne pas penser à d’autres récits de ce genre, le classique L’Odyssée de l’Endurance1, le livre Les Naufragés du Wager qui a connu récemment un grand succès ou encore, plus proche de nous, à L’arche des Kerguelen.
Ici, pas de fioritures, le récit est sobre, la priorité de Julian Sancton semble être la fidélité de son récit, il ne cède pas aux sirènes du nouveau journalisme en s’effaçant complètement derrière les faits. Le résultat, n’en est pas moins passionnant de bout en bout, il faut dire qu’une telle réalité se suffit à elle-même et ne nécessite aucun artifice narratif. L’auteur étant complètement absent de son récit, il ne faut pas négliger de lire ses notes regroupées dans un chapitre à la fin de l’ouvrage. Il y décrit la façon dont il a travaillé, donne son opinion sur les protagonistes et révèle ce qui a déclenché l’écriture du livre, un article du New Yorker rapportant l’interêt porté par la NASA dans le cadre de la préparation aux vols habités vers d’autres planètes à ce type d’expéditions effectuées dans des conditions extrêmes.
Julian Sancton. Cauchemar en Antarctique: Le voyage de la Belgica dans la nuit polaire. Traduit par Odile Demange, Payot, 2024.
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Ernest Henry Shackleton. L’Odyssée de l’Endurance. Libretto, 2022. ↩︎