Florence Dupré la Tour raconte son enfance au sein d’une famille catholique bourgeoise. Le récit se polarise rapidement sur l’opposition homme / femme. La domination exercée par les hommes au sein de la société est incarnée par la figure de son père qui est l’archétype du mâle blanc riche qui n’a aucune interaction avec ses enfants et ne se préoccupe de la vie de la famille que pour partir en vacances. Puis la position de la femme soumise qui consacre tout son temps à sa famille. Et enfin celle des petites filles, l’autrice et sa soeur jumelle, qui sont laissée dans l’ignorance de la sexualité et semblent être uniquement destinées à se marier et à procréer à leur tour dans un cycle sans fin.
Difficile de comprendre l’attitude de papa, hormis la nature de son acte: l’abus de pouvoir. Bien plus complexes, le silence de maman, sa soumission, son absence de réaction me plongeaient dans une vertigineuse complexité.
Si l’on en croit son dernier récit autobiographique publié sous pseudonyme, En territoire ennemi, elle n’est pas parvenue à échapper au destin que l’hérédité lui avait tracé et à en croire son témoignage l’expérience a même été très compliquée.
J’ai tout de même un petit problème avec ce positionnement très clivé. Si je comprends sa position vis à vis de la condition des femmes, et s’il est toujours bon de rappeler certaines choses pour faire cesser ces injustices, j’ai plus de mal avec celle manichéenne consistant à dire que tous les hommes – sauf peut-être celui rencontré la toute dernière page, mais il faudrait lire le second tome pour le savoir – sont abjects, cyniques et idiots. Dans les points positifs, j’ai beaucoup aimé le travail graphique, les dessins, la façon si spéciale utilisée pour représenter les personnages, les couleurs et une mention spéciale pour la représentation de la nature.
Florence Dupré la Tour. Pucelle. Dargaud, 2010.